L’écologie ou le profit: pourquoi le patron de Danone est contesté
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Le PDG de Danone va-t-il survivre à l’attaque lancée contre lui par des actionnaires minoritaires ? Que lui reproche-t-on au juste ? Le conseil d’administration du géant français de l’agro-alimentaire se réunit ce lundi 1er mars pour discuter de la gouvernance du groupe.

Le fonds américain Artisan Partners et le Britannique Bluebell Capital font le même constat : depuis qu’Emmanuel Faber est arrivé à la tête de Danone il y a sept ans, les actionnaires restent sur leur faim : le rendement global de l’action est systématiquement inférieur à celui des deux grands concurrents, le Suisse Nestlé et l’Américain Unilever. La pandémie aura été le coup de grâce : avec le confinement et la fermeture des restaurants, les ventes d’eau d’Evian, l’un des fleurons du groupe, se sont effondrées. Danone et ses marques phares, Danette, Activia et l’eau d’Evian, ont bu la tasse mais reste très profitable avec un rendement à 14% et un bénéfice stable à un milliard 500 millions d’euros.
Le PDG du groupe riposte, et laisse entendre que c’est l’engagement écologiste de l’entreprise que les fonds veulent torpiller
Car Emmanuel Faber a transformé Danone en entreprise à mission, une première pour une entreprise cotée en bourse. Concrètement cela veut dire que son objectif n’est plus le seul profit, mais aussi le service du consommateur et de la planète. L’entreprise a désormais une responsabilité sociale et environnementale. C’était déjà dans son ADN: la société a été fondée par Antoine Riboud, un apôtre du développement durable. Emmanuel Faber l’a inscrit dans les statuts. Et dans les actes. Avec des investissements de 2 milliards d’euros annoncés l'an dernier pour faire baisser les émissions de CO2, pour en finir avec les emballages en plastique, ou encore pour aider les fermiers à produire mieux. Il reconnaît que les rendements à court terme peuvent en être affectés.
Les fonds activistes remettent en cause cette vision ?
Ils jurent qu'ils y sont au contraire très attachés, au sein de Danone comme dans les autres entreprises où ils sont présents. Mais leur impatience à en toucher les dividendes plaident contre eux. C'est toujours l'obsession du rendement, de la rémunération de l'actionnaire qui guide les attaques des activistes. On les soupçonne de vouloir démanteler le groupe pour en extraire plus de valeur. Cette peur est partagée par plusieurs syndicats, c'est pourquoi ils ont apporté leur soutien à Emmanuel Faber. Pourtant ce patron n'est pas toujours très social dans la gestion quotidienne. Il a annoncé en novembre la suppression de 2000 emplois, sur un total de 100 000 à travers le monde pour faire remonter le cours de l'action.
Le conseil d’administration de Danone se réunit en fin de journée pour décider du sort d'Emmanuel Faber ?
Les fonds demandent sa tête. Pas sûr que le conseil parvienne à trancher car il est profondément divisé. Une partie des administrateurs gardent leur confiance à ce patron écolo, d'autres sont inquiets de voir que les budgets de marketing ont fondu, ils sont lassés par la réorganisation permanente du groupe menée par ce PDG solitaire et ils sont même franchement agacés par sa propension à donner des leçons d’écologie à la planète entière. Emmanuel Faber, plus prompt à défendre sa vision de l'entreprise du futur dans les enceintes internationales que parmi ses pairs passe mal dans les milieux conservateurs du capitalisme français.
En bref
C'est aujourd'hui que la Nigériane Ngozi Okonjo Iweala prend ses fonctions à la tête de l'Organisation mondiale du commerce. La première femme, la première Africaine à ce poste, a un agenda chargé. Entre autres mettre fin au blocage des Etats-Unis qui ont réussi à paralyser l'OMC pendant la présidence de Donald Trump.
Joe Biden encourage les salariés de Amazon à se syndiquer
Dans une vidéo publiée dimanche soir sur Twitter le président américain ne cite pas l'entreprise de Jeff Bezos mais il évoque les salariés de l'Alabama, là d'où est partie l'idée du référendum pour autoriser les syndicats sur la plateforme. Le deuxième employeur américain a tout fait jusqu'à maintenant pour empêcher leur présence dans ses filiales américaines.
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