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Pourquoi les lenteurs de la vaccination fragilisent la reprise européenne

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La vaccination et ses multiples déconvenues seront ce soir au cœur des discussions des dirigeants européens réunis pour un nouveau sommet virtuel. L’enjeu c’est la santé des Européens et de l’économie. Plus le retard s’accumule plus la reprise est compromise.

Des doses de vaccin AstraZeneca entreposées en Belgique, en mars 2021, dans la perspective d'une campagne de vaccination.
Des doses de vaccin AstraZeneca entreposées en Belgique, en mars 2021, dans la perspective d'une campagne de vaccination. © REUTERS
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L’Europe est à un moment charnière. D’un côté son économie est en train de rebondir. C’est la bonne nouvelle qu’on a apprise hier : à la surprise générale, les carnets de commande de l’industrie sont revenus en territoire positif. L’indice mensuel publié par l’institut Markit est même à un plus haut jamais vu depuis 23 ans. De l’autre les citoyens européens se voient à nouveau confinés dans de nombreux pays et surtout la majorité d’entre eux se demandent quand est-ce qu’ils seront vaccinés. La commission temporise, rassure et affirme que 70% de la population aura été injectée à la mi-juillet.

Il reste donc quatre mois pour parvenir à l’immunité collective, c’est jouable ?

Vu les retards dans les livraisons d’AstraZeneca, le principal fournisseur officiel de l’Union, il y a de quoi douter. Selon la banque Barclays, cet objectif d'immunité collective ne sera pas atteint avant la fin septembre. Avec la troisième vague de Covid-19 qui sévit, un tel décalage est le scénario catastrophe pour les pays du sud. Cela signifie qu’ils vont rater la haute saison touristique. La Grèce, l’Italie et l’Espagne pourraient le payer très cher. Un confinement prolongé comme on le vit en ce moment c'est aussi de la consommation définitivement perdue, et donc un moteur en moins pour la relance de l'économie. En revanche, cela va mieux pour les pays du nord. L’Allemagne prospère par exemple grâce à son industrie destinée à l'exportation.

Les déboires de la vaccination pourraient creuser les écarts de richesse au sein de l’Europe?

C’est un risque d’autant plus grand que les 750 milliards d’euros du fonds de relance se font attendre. Là aussi il y a un problème de calendrier. Pas sûr que les premières tranches promises soient débloquées en juin comme il était prévu. Plusieurs Parlements n’ont toujours pas voté son principe, et certains pays comme la Pologne ou la Hongrie menacent toujours de ralentir le processus. Pour l’Allemagne, qui a approuvé hier un montant record de dettes supplémentaires pour financer sa reprise, le déblocage du fond ce n’est pas un problème, en revanche pour un pays comme l’Espagne, c’est crucial. Madrid vient de réviser à la baisse son estimation de croissance à cause du retard de ces versements.

Les Européens vont-ils tirer parti du retour de la croissance qui se profile aux États-Unis et qui est déjà sensible en Chine ?

Les pays touristiques en profitent très peu, car tant que le Covid-19 est présent, ni les Américains ni les Asiatiques ne prendront le risque de revenir sur le « vieux continent ». En revanche la locomotive de l’Europe, l’Allemagne bénéficie déjà du regain de la demande de la Chine, son premier débouché, et des États-Unis, le troisième. Globalement l’Europe pourrait bénéficier des retombées du plan Biden. Les effets positifs pourraient même compenser les dégâts engendrés par la prolongation du confinement. Mais le soutien public demeure indispensable. Au sein de la banque centrale européenne on estime déjà que le fonds de relance ne sera pas suffisant.

EN BREF

► Les États-Unis préparent une salve de sanctions contre les deux conglomérats contrôlés par la junte birmane. Une information de l’agence Reuters. La MEC et la MEHL sont visées. Deux groupes dirigés par des hauts-gradés et présents dans la majorité des industries du pays. Leurs avoirs pourraient être gelés. La décision devrait être annoncée dans la journée.

► Les autorités du canal de Suez promettent un retour à la normale dans les prochaines heures. Selon l'agence Reuters l'enlisement de l'Ever given, un porte-conteneur de 200 000 tonnes, bloque toujours la circulation dans les deux sens. Si cet obstacle perdure, les armateurs envisagent de changer de route maritime, ce qui rallongerait le parcours des bateaux d'une semaine. 12% du trafic de marchandises passe par ce canal. Le marché pétrolier a encaissé l'information, le baril a reculé de 1% après avoir bondi hier de 5%.

 

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