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La crise accentue les inégalités entre les hommes et les femmes

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La crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19 a accru les inégalités, y compris celles entre les hommes et les femmes. Le rapport annuel du Forum économique de Davos consacré aux inégalités de genre vient le confirmer.

Une rue à Paris. La crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19 a accru les inégalités entre hommes et femmes.
Une rue à Paris. La crise économique provoquée par la pandémie de Covid-19 a accru les inégalités entre hommes et femmes. © REUTERS
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En moyenne dans le monde, et cela cache de grandes disparités, l’écart entre hommes et femmes a été comblé à 68% (sachant que 100% représente la parité). Cette moyenne est en recul de 0,6 point de pourcentage par rapport à la précédente étude. Cela peut sembler léger comme recul, mais cela porte à plus de 135 le nombre d’années pour atteindre la parité au niveau mondial. Trente-six ans de plus que ce qui avait été annoncé l’an dernier, un calcul établi sur la base de la trajectoire des améliorations de ces dernières années.

Et pour l’instant, le rapport 2021 ne reflète pas complètement l’impact de la crise. L’indicateur s’est, à vrai dire, plutôt dégradé au niveau politique. Mais les rapporteurs estiment que lorsque l’effet de la pandémie sera pleinement pris en compte, l'indicateur portant sur l’économie pourrait être révisé à la baisse. L’Organisation internationale du travail a en effet mis en avant que 5% des travailleuses avaient perdu leur emploi en 2020 contre 3,9% pour les hommes. Les femmes sont plus représentées dans les secteurs les plus affectés par la crise.

Au-delà de l’accès à l’emploi, c’est l’accès à l’encadrement qui semble plus compliqué. Le Forum économique mondial a travaillé en partenariat avec LinkedIn. Le réseau social professionnel a remarqué un déclin des embauches des femmes à des postes de direction, un retour d’un ou deux ans en arrière dans plusieurs secteurs.

Les auteurs du rapport s’inquiètent aussi d’effets potentiellement durables de cette crise sur les inégalités de genre. La crise a encore accéléré la digitalisation. Alors, le Forum économique mondial a étudié huit secteurs incarnant les « emplois de demain ». Or sur les huit, seulement deux ont atteint la parité. Dans la plupart, les femmes sont sous-représentées. Elles ne constituent que 14% des effectifs dans le Cloud, 32 % dans la data et l’intelligence artificielle. Les « jobs de demain » sont encore très masculins.

Le rapport appelle donc à des politiques de relance favorables aux femmes

Certaines initiatives en ce sens ont déjà émergé. Dès avril 2020, une commission de l'État d'Hawaï a esquissé un « plan féministe pour la relance ». Au niveau fédéral, dans le plan américain pour les infrastructures annoncé hier, la Maison Blanche a pris soin de souligner sa volonté de réduire les inégalités y compris entre hommes et femmes. Joe Biden demande, par exemple, au Congrès de consacrer 25 milliards de dollars au développement des services d’aide à l’enfance, leur carence ayant un impact sur l’emploi, particulièrement celui des femmes.

L’Union européenne, elle, a listé l’égalité hommes-femmes parmi les critères auxquels elle serait attentive dans l’utilisation des fonds du plan de relance. Mais, la part dévolue à cet objectif n’a pas été chiffrée contrairement à celle destinée aux enjeux climatiques. Des voix se sont élevées, s'inquiétant du fait que deux des objectifs majeurs, le climat et la digitalisation, soient des secteurs plus masculins.

C'est ce qu'a dénoncé entre autre, le collectif féministe « half of it » (la moitié). Un mouvement qui a fait mouche par exemple en Italie, l’Italie qui est en queue de peloton de la région Europe de l’Ouest du classement du Forum de Davos et 63e mondiale.

Rome, première bénéficiaire de l’aide européenne, a malgré tout érigé les femmes au rang des trois priorités du volet « inclusion sociale » doté de 10% des fonds. Le plan présenté par le gouvernement prévoit entre autre une enveloppe pour l’accueil des enfants en bas âge et des aides fiscales pour l’embauche des femmes. Le programme n’est pas encore finalisé. Alors, hier, des membres du mouvement il Giusto mezzo, (le juste milieu), ont écrit à Mario Draghi pour que 50% du plan de relance aille à l'emploi des femmes.  

 

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