Le Nigeria à la pointe dans la monnaie digitale de banque centrale
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Le Nigeria joue les précurseurs en Afrique avec l’introduction d’une monnaie numérique de banque centrale à partir du premier octobre, dans une semaine et un jour. D'autres pays africains ont des projets similaires pour répondre à cette nouvelle demande du public.
Parmi eux, le Ghana, il entre dans la phase de tests dans les prochaines semaines. L’Afrique du Sud et le Maroc en sont encore au stade préparatoire, tout comme la BCEAO, la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest. Elle aussi cherche à développer une monnaie virtuelle qu’on pourra stocker sur son portable via une application. Cette monnaie servira surtout à régler ses achats ; avantage sur les crypto monnaies qui font fureur en Afrique: elle sera aussi sûre que le cash qu’on range dans son portefeuille, puisqu’elle émane d’une banque centrale.
Un atout suffisant pour détrôner les monnaies digitales privées ?
La compétition sera rude. Le bitcoin et ses dérivés sont plébiscités par les Africains. Depuis le mois d’août l’Afrique subsaharienne est la région du monde où les échanges en cryptomonnaies sont les plus importants, devant l’Amérique du Nord. Face au risque de fraude, le Nigeria a interdit à ses banques de réaliser des transactions en bitcoin. En vain : les utilisateurs passent maintenant par d’autres canaux pour utiliser ce moyen de paiement. Les flux de bitcoin entre la Chine et le Nigeria sont particulièrement intenses. Le e-naira devra donc faire la preuve qu’il est aussi agile que le bitcoin.
Le e-naira servira surtout à payer ses achats
Pour cette fonction, il peut être performant puisque les commerçants seront obligés d’accepter les paiements numériques, a prévenu le directeur de la banque centrale du Nigeria. En revanche, sa fonction de réserve de valeur est douteuse. Le naira (comme le cedi ghanéen), est une monnaie faible, sujette à de fortes baisses. Son équivalent digital aura la même valeur. La fonction de conservation de la valeur ne sera donc pas très satisfaisante. Même si le bitcoin est très volatile, il garde pour le moment l'avantage. Il apparait aussi plus compétitif pour les transferts d'argent vers l'étranger, un aspect des règlements très importants en Afrique : envoyer de l'argent vers un pays voisin est une sinécure, et vers un pays occidental quasiment impossible.
Avec les monnaies cryptées, les transferts sont aussi bien moins chers
La commission est l’ordre de 3% à 5% alors que les établissements spécialisés dans les transferts prélèvent jusqu’à 9% du volume de l’opération. C'est donc en développant cet usage que le e-naira et ses concurrents ghanéens et autres pourront gagner la confiance du public. Le Nigeria cherche aussi à favoriser l’inclusion financière. Seulement 6 habitants sur 10 ont un compte en banque. En Afrique sub-saharienne le taux de bancarisation est encore plus faible, de l’ordre de 10%. La monnaie numérique de banque centrale peut donc être un bon outil pour atteindre de nouveau public. Notamment les plus pauvres, ceux qui ne se risquent pas à convertir leurs maigres économies en bitcoin par crainte de tout perdre.
Les expériences menées dans d'autres pays sont concluantes ?
Au Cambodge où une monnaie de ce type, le Bakong, a été introduite depuis un an, c'est un succès fluidifiant les échanges entre la ville et les campagnes. Pour le moment aucun grand pays occidental n’a lancé sa monnaie digitale de banque centrale au niveau national. Le plus avancé, la Chine, prend son temps avant de généraliser l’usage de son yuan digital; c'est pourquoi l'expérience du Nigeria, le pays le plus peuplé d'Afrique, au coude à coude avec l'Afrique du sud pour le PIB, sera suivi de près dans le monde entier.
➤ EN BREF
À la bourse de Hong Kong, l'action Evergrande a rebondi de 12% ce matin. La confiance revient, bien qu'on ne sache toujours pas avec certitude si le promoteur chinois au bord de la faillite sera en mesure d'honorer un remboursement prévu aujourd'hui. Par ailleurs l'agence Fitch vient de revoir à la baisse ses prévisions de croissance pour la Chine à cause d'un ralentissement du secteur immobilier.
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