Pourquoi le rebond du Covid-19 ralentit la vaccination des pays pauvres
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Les vaccins continuent à manquer dans les pays les plus pauvres. Avec la nouvelle vague de Covid-19 qui déferle sur l’hémisphère nord, les inégalités dans l'accès au sérum pourraient encore s’aggraver, notamment en Afrique sub-saharienne, la région la moins vaccinée au monde.
L’Allemagne a décidé de reporter les dons de vaccins BioNtech qu'elle devait livrer à Covax avant la fin de l’année. Cette petite phrase lâchée il y a quelques jours par le ministre allemand de la santé a fait bondir les ONG. Cette décision brutale choque de la part d’un pays jusqu’alors plutôt généreux, Berlin a déjà expédié 100 millions de doses dans les pays du sud. Mais face à la cinquième vague qui épouvante nos voisins d’Outre-Rhin, Berlin sécurise son approvisionnement en BioNtech, la marque plébiscitée par les Allemands, car beaucoup refusent aujourd’hui la molécule de Moderna que l’Allemagne a pourtant en grande quantité.
Avec le rebond du Covid-19, le nombre de personnes ayant reçu une troisième dose dans les pays avancés est déjà bien supérieur à celui des vaccinés en Afrique sub-saharienne.
Pendant qu'un habitant d'un pays à faibles revenus reçoit sa première dose, six autres bénéficient du rappel dans les pays les plus riches, selon le directeur de l'OMS. La préférence nationale demeure un réflexe dans les pays les mieux pourvus, malgré le moratoire sur la troisième dose demandée par l’OMS. Et pourtant les pays les plus riches disposent de surplus. Selon Oxfam 100 millions de doses achetées par les pays du G7 pourraient être périmées avant la fin de l'année, et donc gaspillées alors que d'autres pays sont en manque. Les laboratoires ne font pas mieux. Ils ont certes des projets d’usines en Afrique -c’est le cas de Pfizer et de Moderna- et certains sont prêts à céder leurs droits sur le remède anti Covid-19, comme Pfizer ou le labo allemand Merckd. Mais sur le vaccin, jusqu'à maintenant, il n'a jamais été question de partager.
L’immense majorité de la production de Pfizer-BioNtech et de Moderna est encore captée par les pays développés ou émergents. Il y a quand même une lueur d'espoir. L'Union européenne a fait savoir mardi 23 novembre qu'elle pourrait finalement accepter une levée partielle des droits pour produire du vaccin à bas coût dans les pays en développement. Le sujet sera discuté la semaine prochaine à l'organisation mondiale du commerce
En attendant, le manque de vaccin devient un frein au développement économique
Cette inégalité croissante face au vaccin est d'abord un problème de santé publique, car pour éradiquer le coronavirus il faut que la réponse soit globale, comme le disent les experts depuis le début de la pandémie. Mais cette inégalité persistante dans l’accès au vaccin va effectivement engendrer des difficultés économiques pour les moins bien servis. Les investisseurs comme les visiteurs rechignent à venir dans ces pays encore considérés comme à risque. En Afrique, les chiffres sur la circulation de la pandémie sont pourtant rassurants, mais ils ne sont pas fiables, souvent la maladie n’est même pas détectée, et quand elle l’est, l’outil statistique n’est pas toujours suffisant pour la répertorier.
Le taux de vaccination demeure très bas
En Afrique sub-saharienne seulement 4% de la population a reçu les deux doses à la mi-novembre. Le taux moyen est de 40% pour les autres pays émergents, 70% dans les pays riches, rappelle le FMI dans un post publié cette semaine sur son blog. À l'allure actuelle, l’objectif des 40% à l’échelle mondiale à la fin de l’année fixé par l’OMS ne sera jamais atteint et cela va peser sur la croissance de la région. La reprise qui se manifeste cette année restera timide, de l'ordre de 3% selon le FMI, contre 5% dans les pays avancés. L’Afrique sub-saharienne est la région qui connait le plus faible rebond économique et il reste bien incertain, suspendu à l'évolution de la pandémie et à d'éventuels reconfinements.
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