Comment l’Ukraine peut-elle échapper à la panne de courant?
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Les villes ukrainiennes, sous les bombes russes depuis une semaine, redoutent les coupures d’électricité. Ce service essentiel est souvent le premier à être suspendu dans une guerre.
Ocha, l’agence humanitaire des Nations unies, confirme que le courant a déjà été coupé dans des villes entières : 400 000 habitants de la région de Donetsk de part et d'autre de la ligne de contact n’ont plus d’électricité, 40 000 sont privés d’eau. La destruction de ces installations vitales est un effet collatéral des combats, et souvent, il faut le dire, un acte délibéré de l'agresseur pour « casser » le moral des civils.
Les habitants de Crimée en ont fait les frais en 2014 : après l’annexion, il y a eu une gigantesque panne de courant au mois de décembre, à la suite d'un sabotage de lignes à haute tension sur le territoire ukrainien qui distribuaient encore le courant sur la péninsule. Les auteurs n'ont pas été identifiés et la Crimée a enduré bien d'autres pannes. C’est aujourd’hui toute l’Ukraine qui vit dans la peur du black out.
Comment l’Ukraine peut-elle faire face à ce risque ?
La solution idéale est le raccordement au réseau européen. En cas de panne géante, les pays voisins pourraient immédiatement approvisionner l’Ukraine. Les Ukrainiens en rêvent depuis des années, et avec la guerre, ils sont aujourd’hui tout près du but. Ils ont pris conscience du problème après le conflit de 2014. Ils ont compris qu’ils devaient s’affranchir de la tutelle russe sur tous les plans, y compris pour leur réseau électrique encore dépendant de la tutelle de l’ex-grand frère soviétique.
En 2016, le réseau électrique ukrainien a été la cible d'une cyberattaque dévastatrice émanant de Russie. L’année suivante, le gouvernement demande donc à être raccordé au réseau européen, dont font partie les Vingt-Sept, tout comme d’autres pays du voisinage non membres de l’Union.
Le gouvernement de l’époque en fait une priorité stratégique
Mais le dossier avance lentement. Pour des raisons techniques, mais aussi à cause de la réticence de certains États. Ils craignent justement d’être contaminés par des cyberattaques. La capacité du système ukrainien à fonctionner de façon autonome, libre de la Russie, était un préalable à la connexion avec le réseau occidental.
Kiev devait donc d’abord couper le cordon avec le réseau russe. Hasard du calendrier, l’opération a eu lieu le jeudi 24 février, le jour de l’invasion. Et le système ukrainien a survécu, sans heurt particulier. Ce test grandeur nature, réalisé en situation de guerre, doit s’achever lundi.
La synchronisation avec le réseau européen sera immédiate ?
C'est plutôt une question de semaines. Les ministres de l’Énergie des Vingt-Sept en ont parlé lundi, ils y sont favorables. Mais il y a encore des étapes techniques et administratives à franchir. Il y a urgence, car aujourd’hui l’électricité est produite au ralenti.
Par précaution, la moitié des réacteurs nucléaires sont à l’arrêt, l'atome fournit 50% de l’électricité. Une grande partie des éoliennes et les centrales solaires sont aussi à l’arrêt. Elles fournissent 10% de l’électricité consommée. La centrale hydroélectrique desservant la capitale aurait été saisie par les forces russes et la centrale nucléaire de Zaporijia est maintenant encerclée.
L’armée russe ira-t-elle jusqu’à détruire les centrales ? Ou les stopper ? Le ministre ukrainien de l’Énergie surveille le réseau comme le lait sur le feu. Il se tient informé toutes les deux heures de l’état général de la production et de la distribution du courant.
► EN BREF
L'usage des bitcoins et d'autre monnaies cryptées pourrait bientôt faire l'objet de sanctions
Ces monnaies pourraient être une alternative pour les Russes privés de devise et de la capacité de faire des transactions internationales par les canaux habituels. Le département américain de la Justice travaille sur le sujet et la Banque centrale européenne s'interroge également. Les experts sont sceptiques, le marché des cryptos est encore étroit, pas assez profond, pour devenir une alternative crédible au dollar ou à l'euro.
Autre conséquence de l'isolement économique de la Russie : les actions russes vont être retirées de l'indice des pays émergents.
C'est un nouveau revers pour Moscou. « Cela n'aurait pas beaucoup de sens de continuer à inclure les titres russes si nos clients et investisseurs ne peuvent pas effectuer de transactions sur le marché », a indiqué un responsable de la société MSCI qui gère ces indices boursiers.
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