L’économie mondiale à peine remise des conséquences de la pandémie de Covid-19 va-t-elle retomber en récession dans les prochains mois ? La question revient en force parmi les prévisionnistes.

Il y aura « un choc de récession » aux États-Unis, a prédit il y a quelques jours l’économiste de Bank of America, « une récession de guerre » en perspective enchaine ce lundi un autre stratégiste américain. Ces prophéties pessimistes détonnent avec la bonne santé de l'économie américaine où le marché du travail est tendu avec un chômage tombé à 3,6%.
Depuis quelques semaines, la question sur la récession est pourtant omniprésente, elle remplace celle de l’année 2021 sur le retour de l’inflation. Cette dernière est dépassée puisque les prix ont partout fortement augmenté. On frôle les 8% en zone euro, on devrait largement dépasser ce seuil aux États-Unis. Le chiffre est attendu dans la journée.
Cette inflation bien installée devient un problème pour la Réserve Fédérale comme pour les autres banques centrales
Et c’est précisément ce qui ravive la crainte de la récession. Les banques centrales ont le devoir de contenir la hausse des prix, autour de 2%. Cela fait partie de leur mandat, et pour cela elles disposent d'un outil puissant : la hausse des taux d’intérêt. Cela décourage très vite la demande et fait donc baisser les prix.
Mais la manipulation des taux est risquée : si les hausses sont trop importantes, trop rapides, ou pas suffisamment annoncées et donc anticipées par les marchés, elles peuvent faire capoter l’activité et entrainer la récession. On sait actionner la planche à billets, la retirer en douceur est une opération beaucoup plus difficile à maitriser.
Aux États-Unis, Jerome Powell, le gouverneur de la Fed, a commencé à relever les taux en mars, mais il est déjà accusé d’avoir trop attendu. Christine Lagarde a le même dilemme à résoudre en zone euro, une région où la croissance sera quasiment nulle au premier semestre.
La guerre en Europe est aussi un facteur aggravant le risque de récession
Parce qu’elle alimente l’inflation déjà sensible avant le début du conflit et parce qu'elle bouleverse le flux des marchandises. À cause de la guerre, la croissance du commerce mondial sera sans doute divisée par deux a prédit hier l’OMC. Comme Vladimir Poutine n’a pas l’air pressé d’en finir, le conflit pourrait s’installer dans le temps et entrainer un durcissement des sanctions. L’embargo total sur les énergies russes parait inéluctable.
Entre pénurie et hausse des cours, les Européens, gros consommateurs de gaz russe, devraient être les premiers à en faire les frais. Les denrées alimentaires, dont l’Ukraine et la Russie sont de gros fournisseurs, augmentent aussi. Les minerais, que la Russie surtout, détient en quantité, augmentent également. Ces marchandises sont de plus en plus difficiles à exporter.
La planète est donc confrontée à un choc massif de l’offre. Les coûts grimpent, l’inflation galope alors que la production décline, faute d’approvisionnements suffisants. C’est assez atypique, dans une récession classique, l’offre et la demande chutent ensemble et cela a un effet déflationniste.
Dernière source d'inquiétude : le regain de Covid-19 en Chine
La stratégie du zéro covid dans laquelle Xi Jinping s'entête paralyse des grands centres d’affaires comme Shanghai. L’industrie automobile en est la première victime. Les ventes en Chine ont reculé de 10% en moyenne annuelle au mois de mars. À cause des perturbations de la production et de l’absence des acheteurs potentiels bloqués chez eux. Le covid en Chine, la guerre en Europe et la surchauffe aux États-Unis : cela fait beaucoup de menaces pour l'économie des trois régions les plus riches du monde.
► EN BREF
Le ministre ukrainien des Finances lance un appel à l'aide pour assurer la survie de son pays.
Dans le Financial Times, Serhiy Marchenko estime que l'État ukrainien a besoin de plusieurs milliards de dollars chaque mois pour combler son déficit. Avec la guerre, les recettes fiscales ont été divisées par deux. L'État effectue des coupes sombres dans ses dépenses, mais pas assez pour combler le déficit, il pourrait doubler en avril et atteindre 5 milliards de dollars.
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