Le rail britannique sera quasiment paralysé aujourd'hui par la grève des cheminots. Ils se battent pour leurs salaires et la sauvegarde de l'emploi. On parle déjà d’un mouvement historique qui pourrait faire boule de neige.

Cela fait trente ans qu’il n’y a pas eu une telle mobilisation dans les chemins de fer. 50 000 employés du rail sont appelés à cesser le travail. Dans les années 1990 c’est la privatisation qui avait enclenché un mouvement d’une ampleur comparable. Aujourd’hui les employés du rail sont disséminés dans une douzaine de sociétés privées, certains restent intégrés au public, et tous redoutent de nouveaux plans sociaux avec la fermeture des guichets. Leurs inquiétudes sont exacerbées par l'inflation. La hausse des prix de l'ordre de 9% les a brutalement appauvris. Elle devrait continuer à grimper tout au long de l'année. Cette grève est étalée sur toute la semaine, avec une mobilisation coup de poing aujourd’hui, jeudi, et samedi.
Les employés du rail sont déterminés à poursuivre leur mouvement s’ils ne sont pas entendus par le gouvernement de Boris Johnson
Mick Lynch, le dirigeant du syndicat du rail parle déjà d’un « été du mécontentement ». Dans la mémoire des Britanniques cette expression est chargée, elle fait référence à l’hiver du mécontentement qui avait précédé l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher. Beaucoup d’autres salariés du secteur public pourraient rejoindre les cheminots. Les professeurs par exemple, ils réclament une hausse de 8%; les infirmières, les jeunes médecins et tout le personnel du National Health Service. L’école et la santé ont été sinistrées par le Covid et ces deux secteurs sont en proie à une crise des vocations. Les postiers, les avocats, sont également très remontés contre le gouvernement.
Dans le service public, les hausses de salaires sont bien loin de compenser l’inflation
Le gouvernement veut à tout prix limiter la hausse des traitements à 3% maximum. Il choisit d’encadrer fermement les salaires pour éviter la formation de cette spirale inflationniste hausse des prix/ hausse des salaires qui est très difficile à casser. Céder à la revendication des cheminots, ils réclament 7% de hausse, pourrait mettre en péril sa stratégie anti-inflation. En moyenne, les fonctionnaires britanniques ont eu des augmentations de 1,5% cette année alors que la hausse a été de 8% pour les salariés du privé. En excluant les primes, et en ajustant les salaires sur le niveau de l’inflation, ils ont reculé à leur niveau de 2016. Ceux qui travaillent à plein temps en sont réduits à aller à la banque alimentaire, déplore le dirigeant du syndicat du rail.
La grogne sociale qui monte au Royaume-Uni pourrait-elle contaminer les Européens ?
Dans la zone euro, l’inflation est moins forte et comme au Royaume-Uni les entreprises privilégient le versement des primes pour éviter de nourrir la spirale inflationniste. La tension sociale pourrait s'amplifier cet automne, au moment des grandes négociations salariales. Dans les pays de l’est de l’Europe, où l’inflation est beaucoup plus forte, bien supérieure à 10%, la pression sur les salaires est déjà très sensible. En Pologne et en Hongrie où le marché de l’emploi est tendu, les entreprises se préparent à une augmentation des salaires à deux chiffres sans attendre la mobilisation de leurs salariés. À l’est comme à l’ouest de l’Europe ils sont à nouveau en position de force, surtout à cause des pénuries récurrentes de personnel dans de multiples secteurs. Au Royaume-Uni où les grévistes sont prêts à perdre de l'argent pour sauver leur pouvoir d’achat, le mouvement aura une valeur de test sur la capacité des syndicats à mobiliser.
►En bref
Conséquence de la guerre en Ukraine, le Cap Vert décrète l'urgence économique
Avec une inflation à 8% nourrie par la hausse des produits pétroliers et alimentaires, 9 habitants sur 100 de l'archipel sont menacés d'insécurité alimentaire. C'était seulement 2 sur 100 pendant la pandémie, fait observer le Premier ministre. Avec ce décret solennel, il cherche à attirer une aide des bailleurs pour que son gouvernement continue à soutenir les familles et les entreprises en difficulté.
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