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Congo-Brazzaville: le NPK et le fumier de manioc, des engrais naturels pour les maraîchers

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L'inflation est un phénomène mondial qui n’épargne aucun pays, et qui frappe plus durement les plus démunis. Au Congo-Brazzaville, pour faire face à l’inflation du prix des engrais, des pisciculteurs congolais valorisent les eaux des élevages riches en NPK, un engrais bio. L’objectif est de contribuer au développement du maraîchage. Malheureusement, les maraîchers autour de Brazzaville sont peu nombreux à l’utiliser car ils ignorent son existence.

Depuis 3 ans, la Coopérative d’aliments et de poissons d’élevage expérimente depuis trois ans la pisciculture hors-sol, à Brazzaville (photo d'illustration).
Depuis 3 ans, la Coopérative d’aliments et de poissons d’élevage expérimente depuis trois ans la pisciculture hors-sol, à Brazzaville (photo d'illustration). © CC/Flickr
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Au quartier Mafouta dans le huitième arrondissement, au sud de Brazzaville, la Coopérative d’aliments et de poissons d’élevage (Copape) expérimente depuis trois ans la pisciculture hors-sol. Elle produit les alevins de tilapias et de silures. Une fois matures, ces espèces sont premièrement destinées à la consommation. Elles sont aussi d’un apport inestimable dans la production des engrais naturels, selon Stanislas Hamed Nakavoua, spécialiste en pisciculture : « C’est que les eaux des élevages piscicoles sont riches en trilogie NPK. Vous avez à partir des défections et des urines de poissons de l’ammoniac, de l’azote et du phosphate qui sont des éléments nutritifs pour la production végétale ».

Président de la coopérative, Guy-Florent Banimba démontre comment les eaux des élevages piscicoles peuvent être couplées au maraîchage : « C’est que les eaux souillées par les poissons : les défections des poissons, leur nourriture non digérée, qui se décompose dans cette eau qui se souille à la fin, est très riche en trois éléments nutritifs qui favorisent la croissance d’une plante. Cette eau, une fois irriguée dans le maraîchage, apporte ces trois éléments. Du coup, en utilisant cette eau, vous n’aurez plus besoin des engrais chimiques », appuie-t-il. Dans les allées des bacs maçonnés de la Coopérative ; des bacs pleins de poissons, poussent des concombres, des aubergines ou encore du piment, arrosés par ces eaux des élevages.

La Copape est la première et la seule ferme à pratiquer la pisciculture hors-sol à Brazzaville et ses environs. Ces techniques visent à la fois à protéger l’environnement et à limiter les importations des engrais. Guy-Florent Banimba regrette le fait que les maraîchers de la place ignorent l’existence même du NPK naturel : « Chez nous, c’est une approche qui n’est pas encore développée. Ce n'est pas encore connu. Peut-être qu’à l’avenir, au fur et à mesure qu’on avance, il y aura des sensibilisations pour pouvoir interpeller la jeunesse ou la population congolaise, afin qu’elle ait un regard sur cette pratique. Avec l’eau souillée des poissons, vous avez votre NPK garanti », analyse-t-il.

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Au nord de Brazzaville, la ceinture maraîchère de Talangaï a déjà perdu plus de trois quarts de sa superficie, à cause des occupations anarchiques et des travaux d’aménagement. Sylvain Ndangui vient y travailler chaque jour ou presque. À ce jour, personne n’est venu lui proposer le NPK naturel pour fertiliser les espaces qu’il exploite : « Je me demande même où est-ce qu’on le produit. Je serais preneur si on m’en proposait parce que c’est du naturel. Parce que nous voulons d’abord protéger la nature et ceux qui sont tout autour de nous. Donc, si nous avons ce genre de produit, ça va nous arranger et les consommateurs seront mis hors de danger. »

Maraîchère, Aurélie Louzolo a 54 ans. Elle utilise un autre type d’engrais très prisé des producteurs : le fumier à base de feuille de manioc qu’elle achète auprès des fournisseurs : « Quand je prends du fumier à 2000 FCFA pour une planche, je peux l’utiliser trois fois. Je peux planter des légumes dans un premier temps. Je fais la même chose deux fois de suite encore. Vous voyez cette planche où les légumes poussent… À la récolte, je peux vendre et encaisser au moins 12 000 FCFA », explique-t-elle.

Les engrais bio développés par les pisciculteurs et les agriculteurs apportent une solution aux problèmes que rencontre le pays. Des engrais moins chers que ceux importés de l’étranger, et de plus, fabriqués localement. Pour en développer l’usage, il faudrait cependant que ces producteurs puissent bénéficier d’une meilleure visibilité et peut-être aussi d’incitation de la part des autorités gouvernementales congolaises.

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