La Banque centrale européenne avance sur son plan pour verdir sa politique
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La Banque centrale européenne a publié cette semaine de nouveaux indicateurs pour évaluer l’impact du changement climatique sur le secteur financier. De nouveaux indicateurs aussi pour surveiller le développement de la finance durable.

Dans cette batterie de données, des indicateurs portent sur les volumes d’obligations émises avec le label « vert ». L'objectif : mesurer la progression du financement à destination d'une économie décarbonée.
La Banque centrale européenne (BCE), bien qu'il n'existe pas de norme internationalement reconnue pour définir ce qu'est une « obligation verte », assure que depuis deux ans, deux fois plus de ces obligations ont été émises. Une belle progression certes, mais elles ne représentent toujours qu’à peine 5% du total des émissions.
Une autre série d’indicateurs porte, au contraire, sur les émissions de carbone soutenues par les institutions financières. Ces dernières données comportent de l’aveu même de la BCE des limites parfois importantes. Quoiqu'il en soit, selon des résultats préliminaires, dans la zone euro la plupart des émissions de carbonefinancées par des actions ou des obligations sont détenues par des fonds d'investissement. Mais, il semblerait que ce soit le secteur bancaire qui finance les activités les plus intensives en carbone, « les activités des entreprises qu'elles financent produisant relativement plus d'émissions pour atteindre un niveau de revenu donné ».
Accélération dans la transition énergétique pour BNP Paribas
BNP Paribas, première banque d’Europe, entend réduire de 80% ses financements au secteur de l’extraction et de la production de pétrole d’ici 2030.L'établissement compte aussi sabrer de 30% son encours de financement à l'extraction et à la production de gaz. En parallèle, les crédits pour des projets bas-carbone devraient augmenter.
La banque, qui se targue d'avoir 55% d'énergies « bas carbone » dans son portefeuille contre 45% d'énergies fossiles, prévoit à l'horizon 2030 une répartition 80-20.
Des engagements pris juste avant l’échéance d'une mise en demeure par des ONG environnementales. Le 26 octobre dernier, elles avaient donné trois mois, jusqu’à aujourd’hui donc [26 janvier], à la banque pour revoir sa copie. Selon elles, entre 2016 et 2021, BNP Paribas s'est imposée comme le premier financeur au monde de huit géants pétrogaziers.
En l’état, le collectif n’est toujours pas satisfait
Oxfam France, Les Amis de la Terre et Notre affaire à Tous regrettent des « engagements trop faibles ». Elles notent certes les objectifs de réduction des encours à l'extraction et à la production de pétrole mais elles reprochent à l'établissement de ne pas prendre d'engagement sur l'ensemble des leviers de financement en laissant de côté actions et obligations.
Reclaim Finance estime de son côté que cela n'empêchera pas BNP de soutenir quelques gros clients malgré leur stratégie d'expansion dans les énergies fossiles.
BNP Paribas n'est pas la seule banque
Neuf ONG ont dressé un premier bilan de l'Alliance des banques pour la neutralité carbone, une branche de la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), alliance financière créée à l'occasion de la COP26 de Glasgow. Selon ces organisations, dont Reclaim Finance, 350.org ou Recommon, « entre la date d'entrée de chaque banque dans l'Alliance et août 2022, les 56 membres les plus importants ont apporté, [...] 269 milliards de dollars à 102 grands développeurs d'énergie fossile ».
Et il n'y a pas que cette étude à jeter un doute sur cette alliance. Selon le Financial Times, des banques américaines comme Bank of America, JP Morgan ou encore Morgan Stanley, avaient menacé en septembre d'en sortir après une remise à jour des critères de la campagne « Race to Zero ». Parmi les craintes exposées, celles de retombées juridiques en cas de manquements. Des pressions sont par ailleurs venues de la classe politique, du côté républicain en particulier. Par exemple, le Texas s'est montré hostile aux établissements qui ne soutiennent pas assez les énergies fossiles à son goût.
Alors, faut-il vraiment miser sur cette Alliance et les démarches volontaires ? Certains en doutent et demandent aux pouvoirs publics et aux régulateurs de muscler le jeu.
Toutes les entités publiques ne se sentent pas concernées. Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) estime que la Banque centrale américaine n'a pas vocation à devenir un « décideur climatique ». Il renvoie la balle au gouvernement et au Congrès.
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