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États-unis: la crise bancaire va-t-elle dégénérer en crise systémique?

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La crise bancaire gronde toujours aux États-Unis. Une troisième Banque, la First Republic Bank, est toujours au bord du précipice, malgré les efforts intenses du week-end pour lui trouver un repreneur avant l'ouverture des marchés. Dans ces déboires en série, les plus pessimistes voient les signes précurseurs d'une crise financière comparable à celle de 2008.

La First Republic Bank est la 3e Banque américaine en difficulté cette année.
La First Republic Bank est la 3e Banque américaine en difficulté cette année. © AP/Jeff Chiu
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Pour les prophètes de mauvais augure, et ils sont de plus en plus nombreux, la menace de cette crise se précise de jour en jour. Elle pourrait éclater dans les mois qui viennent. Parmi eux, citons Nouriel Roubini, l’économiste qui avait annoncé le cataclysme de 2008. Ou encore Jacques Attali, qui prédit une immense crise financière, probablement au cours de l'été.

Toute la planète finance est en alerte depuis le sauvetage de la SVB, une autre banque californienne prise dans la nasse du relèvement des taux d’intérêts. Il y a eu ensuite Signature Bank aux États-Unis, puis le Crédit Suisse en Europe. Et maintenant First Republic. Des spécialistes de la dette se préparent à un été chaud, ils convoitent les actifs démonétisés qui plombent aujourd'hui les comptes des banques. La cause de cet accès de faiblesse des banques est maintenant bien identifiée : l’excès de confiance de leurs dirigeants en leur modèle s’est fracassé sur le relèvement des taux d’intérêt.

Inquiétude autour du marché de l'immobilier

L'autre marché qui inquiète aux États-Unis est celui de l'immobilier. Le relèvement des taux couplé avec l'inflation assèche le financement et freine donc la demande. Selon Charlie Munger, l’associé du milliardaire Warren Buffet interrogé ce week-end par le Financial Times, c'est sur ce marché que la mèche pourrait prendre. La débâcle de l'immobilier entraînera avec elle tous les maillons faibles du système bancaire, prévient cet investisseur respecté. Les maillons faibles, déjà baptisés par la presse financière « les morts-vivants », ce sont les banques farcies de créances immobilières douteuses, qu’il estime nombreuses aux États-Unis.

En Europe, la Banque centrale européenne (BCE) conduit des stress tests plus vigoureux pour vérifier que tout est en ordre. Sur le Vieux Continent, le mal pourrait venir non pas des banques mais d’établissements financiers soumis à des règles plus souples, comme les fonds d’investissement, de pensions, ou encore les assurances.

Opérations de sauvetage

Pour éviter ce scénario catastrophe de la crise financière, les autorités américaines multiplient les opérations de sauvetage. Celle qui est en cours est la troisième du genre. Et c’est un exercice délicat puisque qu'elles sont en train d’outrepasser leurs propres règles pour ramener la confiance sur les marchés.

En théorie, le fonds américain garantissant les dépôts ne couvre que les comptes assurés pour un montant maximal de 250 000 dollars. Au nom des circonstances exceptionnelles et du risque systémique, le fonds a couvert tous les comptes de la SVB et de Signature Bank. Ce n’est pas le contribuable qui paie mais l’assureur.

En réalité, nul n’est dupe. Les dizaines de milliards de dollars débloquées pour stopper l’hémorragie de la clientèle profitent surtout aux nantis de la Silicon Valley. Mais les abandonner à leur sort pourrait créer un mouvement de panique généralisée.

Valeur boursière en chute libre

Comme la SVB, la First Republic Bank ne prêtait qu’aux riches. Par exemple : Mark Zuckerberg a financé sa villa à six millions de dollars en empruntant auprès de cette banque californienne sur trente ans à un taux de 1%. En contrepartie, les clients au profil de magnats de la tech avaient transféré leurs avoirs à la banque.

Mais dès que le vent a commencé à tourner, ils ont massivement retiré leurs capitaux. Cent milliards de dollars se sont évanouis depuis janvier. Ce qui a détérioré un peu plus l’équilibre précaire des comptes. Depuis janvier, la valeur boursière de la First Republic a fondu comme neige au soleil, passant de 23 milliards de dollars à 650 millions vendredi 28 avril à la clôture de Wall Street. À cette heure, le suspense reste entier sur son avenir. Une incertitude qui alimente la thèse des Cassandres.

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