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Loi immigration: l’importance des travailleurs immigrés

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La loi immigration est le nouveau chemin de croix parlementaire du gouvernement français. Faute de majorité à l’Assemblée nationale pour le voter, il a été reporté une première fois. Un texte devrait être présenté courant juillet. Un volet de ce projet de loi concerne « l’intégration par le travail ». En France, les travailleurs immigrés sont surreprésentés dans certains secteurs.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le ministre du Travail Olivier Dussopt lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 15 novembre 2022.
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et le ministre du Travail Olivier Dussopt lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 15 novembre 2022. © AFP / CHRISTOPHE ARCHAMBAULT
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Employés de maisons, agents de sécurité, ouvrier dans le bâtiment. Entre 25 et 40% des travailleurs dans ces métiers sont immigrés d’après une étude datant de 2021. Des métiers dit essentiels, mais qui se définissent par un niveau de qualification plus faible et avec de fortes contraintes physiques. Ce sont aussi des métiers en tension. Des secteurs où les entreprises peinent à recruter. C’est le cas par exemple pour les aides à domicile. 85% des employeurs disent rencontrer de grandes difficultés pour répondre à la demande faute de travailleurs, selon les chiffres de Pôle emploi.

Avec cette nouvelle loi, le gouvernement entend renforcer la lutte contre l’immigration irrégulière tout en favorisant l’intégration par le travail

« Être méchant avec les méchants, être gentil avec les gentils » selon les mots du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Certains à droite souhaitent des quotas dans ces régularisations. Une proposition du groupe les Républicains, reprise par certains députés de la majorité, voudrait que si un travailleur immigré gagne en dessous de deux ou trois fois le Smic, il ne peut accéder à une régularisation de ses papiers. Deux Smic en France : cela correspond à 2 700 euros nets par mois.

Et pourtant les immigrés sont surreprésentés dans les métiers les moins bien payés

Selon une étude de l’Organisation International du Travail cette fois, en France, ils gagnent 9% de moins en moyenne que les travailleurs sans ascendance migratoire. Derrière cette proposition, il y a un point de débat central : la rémunération comme critère pour obtenir un visa de travail, c’est ce qu’il se passe au Danemark. La loi impose aux entreprises que la rémunération atteigne un minimum annuel de 448 000 couronnes, c’est environ 60 200 euros brut. Une manière de limiter drastiquement le nombre de visas délivrés.

Le Danemark, c'est le pays donné en exemple en France, notamment par le Rassemblement National et les Républicains

Oui, les politiques de droite s'y rendent en visite depuis quelques semaines. Une façon, disent-ils, de s'inspirer de ce pays à la politique migratoire la plus stricte en Europe. Les gouvernements successifs font tout pour décourager les réfugiés de venir s’installer. Confiscation des biens une fois arrivés sur le territoire, accès restreint aux allocations. Sur le travail, il y a de nombreuses barrières à l’emploi des travailleurs non européens : notamment « une liste positive » de métiers autorisés, résultat très peu d’immigration ces dernières années. Mais couplé aux faibles taux de natalité dans ce petit pays de 6 millions d’habitants, la pénurie de main-d’œuvre se fait cruellement ressentir.

Les organisations patronales proposent de favoriser l’immigration d’une main-d’œuvre qualifiée

Un syndicat du secteur public avertissait en 2020 que 40 000 travailleurs sociaux et de la santé manqueraient d’ici à 2029, le syndicat danois des infirmières anticipe lui un manque de 6 000 infirmières. Et Copenhague amorce un début de marche arrière. Face au désarroi des chefs d’entreprise, fin mars, le Parlement danois a adopté plusieurs amendements à la loi sur les étrangers afin de permettre aux entreprises de recruter plus facilement des travailleurs en provenance de pays non membres de l'Union européenne.

Des mesures anti-immigration qui piège les chefs d’entreprises… C’est le cas également au Royaume-Uni

Dernière initiative du gouvernement sur ce sujet : un projet de loi contre l’immigration illégale discuté en ce moment et qui prévoit d’empêcher les migrants arrivant par la Manche de demander l’asile. Selon des révélations du journal The Guardian jeudi dernier. Cette loi déboucherait sur la détention puis l’expulsion de plus de 3 000 demandeurs d’asile par mois dès janvier prochain. Elle est fermement critiquée. « Moralement inacceptable » pour l'Église anglicane. « Contre-productive » pour le patronat qui réclame davantage d’immigration de façon à pourvoir les plus d'un million d’emplois vacants.

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