La Grèce accueille aujourd’hui la réunion mensuelle de la Banque centrale européenne. Un honneur au goût de revanche pour l’ancien maillon faible de la zone euro : sa note souveraine vient d’être reclassée par l’agence Standard and Poor’s.

Standard and Poor’s l’avait dégradée il y a treize ans dans la catégorie dite spéculative, la plus humiliante et la plus dangereuse, celle qui fait fuir les prêteurs. La Grèce est alors au bord du défaut de paiement. Elle sera soutenue à bout de bras par le FMI et l’UE qui lui font payer très cher en lui imposant une cure d’austérité drastique. Ce retour en classe investissement avec le grade BBB- annoncé vendredi est une victoire morale après des années de convalescence et d’efforts budgétaires. Une satisfaction somme toute symbolique, car dès 2015 la Grèce a retrouvé la confiance des marchés après avoir renoué avec les excédents budgétaires en 2014.
La Grèce a même réussi à alléger le fardeau de sa dette à une allure stupéfiante
Cette année, sa dette publique devrait représenter 160% du PIB c’était 200% en 2020. Avec plusieurs indicateurs au beau fixe : un excédent budgétaire en 2022 puis en 2023 hors service de la dette. Un taux tout à fait honorable pour la dette à dix ans, à 4,4%, c’est mieux que l’Italie qui dépasse en ce moment les 5%. Si les finances publiques ont réussi cette prouesse dans un temps aussi court, et après l’épreuve du Covid, c’est grâce au tourisme, le principal moteur de la croissance. En 2021 elle était supérieure à 8% et proche de 6% l’année suivante.
Les résultats macro-économiques sont rassurants mais le niveau de vie des Grecs en revanche s’est considérablement détérioré
La population n’a pas fini de payer l’addition. Le salaire moyen est encore inférieur de 25% à celui de 2008. Cela fait plus de dix années consécutives que le quart des habitants est exposé à la grande pauvreté. L’hôpital et l’école ont fait les frais de cette crise de la dette. Le pays s’est considérablement appauvri, son PIB est encore bien en dessous du niveau de 2008. Un autre maillon faible de la zone euro, le Portugal, bien plus pauvre que la Grèce avant la crise de la dette, l’a aujourd’hui dépassé en termes de produit intérieur brut.
Le Portugal qui est devenu l’un des meilleurs élèves de la classe euro
Ce pays aux abois en 2010 va dégager cette année un excédent budgétaire. Le premier depuis cinquante ans. Et il compte renouveler la performance en 2024. Le poids de sa dette devrait passer l’an prochain en dessous de la barre des 100% du PIB après avoir culminé à 132% en 2014. Plutôt impressionnant pour un pays que la presse anglo-saxonne avait regroupé dans la catégorie club Med, aux côtés bien sûr de la Grèce et de l’Espagne quand la crise déchainait les passions entre le nord et le sud de l’Europe. Comme en Grèce, l’essor du tourisme a dopé la croissance. Le gouvernement a su aussi attirer les investissements étrangers, notamment chinois, grâce au passeport doré et relancer des activités exportatrices. Mais comme en Grèce, la population continue à payer l’addition.
Le Portugal et la Grèce sont sortis de la zone de tous les dangers, en revanche l'Italie inquiète
Sa dette pèse 140% du PIB. C'est le pays le plus endetté après la Grèce. Son déficit va se creuser à plus de 4% du PIB l'an prochain. Sur les marchés, ces chiffres alarmants ont déjà creusé l'écart entre le taux italien et celui de l'Allemagne. La pause dans la hausse des taux qui devrait être annoncée aujourd'hui par la BCE est un répit bienvenu, mais pas une solution. Juste un répit.
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