Afrique du Sud: la Banque mondiale au secours d'Eskom pour rétablir le courant
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En Afrique du Sud, la Banque mondiale a signé la semaine dernière un nouveau chèque d’un milliard de dollars en faveur d’Eskom, la compagnie nationale d’électricité littéralement à l’agonie. Cette entreprise centenaire est aujourd'hui incapable de fournir du courant en continu aux habitants et aux entreprises.

Les délestages sont devenus quasi quotidiens cette année. Si on met bout à bout les coupures programmées par Eskom pour assurer un service minimum, le pays a déjà été plongé dans le noir pendant au moins deux mois complets depuis le premier janvier. Un record absolu dans la longue histoire des coupures de courant qui grèvent l’économie sud-africaine et pourrissent le quotidien des habitants depuis maintenant quinze ans.
Eskom surendettée
En théorie, Eskom a des capacités de production bien supérieures à la demande, mais les centrales fonctionnant pour la plupart au charbon sont tellement délabrées qu’elles tombent en panne les unes après les autres. Quand elles ne sont pas délibérément mises en maintenance par des personnes opposées aux réformes cherchant à améliorer le service.
Eskom est surendettée, minée par la mauvaise gouvernance et désormais sans pilote à bord puisqu’il n’y a toujours pas de remplaçant depuis le départ au printemps d'André de Ruyter. Après trois ans d’activité, le PDG, arrivé comme un énième sauveur, a préféré démissionner, après avoir dénoncé la corruption qui gangrène l’entreprise avec la complicité d'après lui de l’ANC, le parti au pouvoir.
La compagnie peut-elle assurer la transition énergétique ? Cela relève de la mission impossible, d’autant plus que le ministre de l’Énergie, un fervent partisan du charbon, est régulièrement accusé par l’opposition de stopper les projets dans les énergies alternatives. Seulement la moitié des appels d’offre lancés en 2021 dans l'éolien et le solaire, pour couvrir le déficit de l'offre d'Eskom, a abouti.
Lente agonie
Pour sortir de l’impasse et pour sortir du charbon, le gouvernement préfère s'en remettre au privé. Il cherche à démanteler Eskom en dissociant la production, la transmission et la distribution de l’électricité. C’est en appui à ce plan de sortie de crise que la Banque mondiale renfloue une nouvelle fois la compagnie.
Par ailleurs, la Banque mondiale veut promouvoir la décarbonation de l'énergie au niveau local. Les énergies renouvelables ne représentent qu’1% de la production d'Eskom, mais plus de 10% de l'offre au niveau national. Grâce aux initiatives spontanées prises par des consommateurs lassés des coupures incessantes. De plus en plus d'entreprises, ou de collectivités, se tournent vers des fournisseurs d’énergie renouvelable pour assurer leur besoin en électricité.
Le secteur privé a pris le relais de l’opérateur public. Cette année, entre mars et juin, les capacités en électricité photovoltaïques ont quadruplé. Un bienfait pour les consommateurs comme pour la transition énergétique, et a priori un soulagement pour Eskom qui réduit ainsi la durée des délestages. Mais ces clients qui disparaissent, cette contraction de la demande, ce sont aussi des revenus en moins pour la compagnie, aggravant ainsi sa lente agonie.
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