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Vladimir Poutine à Pékin en quête d'assurances sur l’avenir

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Vladimir Poutine est en Chine pour une visite officielle de deux jours. Depuis la mise en place des sanctions, suite à la guerre contre l'Ukraine, la Chine est devenue un partenaire commercial indispensable à la Russie.

Les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping se serrent la main à Pékin, le 16 mai 2024.
Les présidents russe Vladimir Poutine et chinois Xi Jinping se serrent la main à Pékin, le 16 mai 2024. © AP/Sergei Bobylev
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La Chine remplace désormais l’Europe dans la balance commerciale de la Russie. L’empire du milieu est devenu son premier fournisseur et son premier client pour le pétrole et le gaz. Le commerce entre les deux pays a bondi de 25% entre 2022 - l’année du début de la guerre russe contre l’Ukraine, et 2023.

Les semi-conducteurs, les téléphones, les machines à laver ou les voitures fabriquées en Chine inondent le marché russe, parfois au détriment des champions locaux. Avtovaz, le constructeur des Lada, est le premier à s’en plaindre. Mais aussi au grand bénéfice de l’industrie russe de la défense. Elle tourne à plein régime grâce aux composants fabriqués en Chine ou transitant par la Chine en provenance de pays tiers.

Dépendance russe

C’est quasiment exclusivement en rouble, et surtout en yuan, que sont réglées les transactions, à cause des sanctions qui privent la Russie de l’accès au dollar. Pour la monnaie comme pour le volume des échanges, la Chine est le grand bénéficiaire. La Chine représente le tiers du commerce russe mais la Russie seulement 4% du commerce chinois. Vladimir Poutine vient donc à Pékin pour avoir des assurances sur la durée.

Dans cette relation asymétrique, Moscou propose, Pékin dispose. La Chine a obtenu par exemple un rabais de cinq dollars par baril sur le pétrole russe. Autre exemple pour le commerce du gaz : la Chine prend son temps pour les travaux du gazoduc reliant les deux voisins. Elle a déjà d'autres fournisseurs de gaz tandis que pour Gazprom qui a perdu son principal client européen, le débouché chinois est vital. Vladimir Poutine espère bien faire avancer ce dossier pendant sa visite. Il souhaite aussi plus d'échanges en monnaie locale, au moment où la Chine redouble de prudence pour éviter les sanctions américaines contre ses banques.

Des intérêts divergents

« La Chine est prête à renforcer ses liens avec la Russie », a assuré Xi Jinping au président russe. Les deux partenaires ont pourtant des intérêts commerciaux, économiques divergents. Avoir une relation commerciale totalement déconnectée du dollar et du camp occidental, est un gain économique et géopolitique pour Moscou. Isolée par sa guerre contre l’Ukraine, la Russie rêve de construire un monde parallèle à celui du bloc occidental.

La Chine a en revanche encore besoin des marchés européens et américains. Son commerce avec la Russie pèse 240 milliards de dollars ; avec les États-Unis, c’est plus du double : 660 milliards ; et avec l’Europe : 800 milliards de dollars. Pékin ne veut certainement pas d’un découplage hermétique. Pour imposer son ordre mondial, la Chine évite la confrontation et cultive au contraire la carte commerciale. Elle se targue d’être le premier fournisseur de 120 pays. Une position privilégiée pour gagner en influence, au détriment de la première puissance mondiale.

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