Stellantis, symbole d’une Europe automobile fragilisée par la Chine et la transition énergétique
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Le quatrième constructeur mondial annonce l’arrêt temporaire de plusieurs sites européens, alors même que ses ventes repartent légèrement à la hausse. Une décision qui illustre les difficultés profondes de l’automobile européenne, confrontée à la concurrence chinoise, aux coûts élevés et aux incertitudes réglementaires.

Stellantis, qui réunit Peugeot, Citroën, Fiat et Opel, a décidé de suspendre la production dans plusieurs de ses usines européennes pendant trois semaines cet automne. Une annonce paradoxale, intervenue quelques jours avant la publication de chiffres de vente encourageants : en août, le groupe a enregistré une hausse, la première depuis plus d’un an. Mais sur un an, les ventes restent en recul de 10 %.
Les stocks s’accumulent, et leur maintien coûte cher. D’où cette suspension temporaire, symbole des turbulences qui frappent toute l’industrie automobile européenne.
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Un marché européen fragilisé et incertain
Les constructeurs souffrent d’un marché en perte de vitesse. Les consommateurs conservent plus longtemps leurs véhicules et hésitent au moment d’acheter : faut-il choisir l’électrique, l’hybride ou rester au thermique ? L’interdiction programmée des moteurs essence et diesel en 2035, que Bruxelles vient de décider de réexaminer, entretient ce flou. À cela s’ajoutent des coûts de production élevés en Europe – énergie, charges sociales, réglementation stricte – et un retard considérable sur les batteries.
Selon un rapport des équipementiers, l’industrie européenne accuse un désavantage de 15 % à 35 % face à ses concurrents chinois.
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La percée chinoise et le risque social
Ce handicap se traduit directement dans les ventes : le constructeur chinois BYD a vu ses immatriculations bondir de 200 % en un an sur le continent. Moins chères, mieux équipées et intégrées dans un écosystème efficace, les voitures chinoises séduisent de plus en plus de consommateurs. Un contraste amer pour l’Europe, pourtant riche en brevets et en savoir-faire.
Si rien ne change, 350 000 emplois seraient menacés, selon une étude du cabinet Roland Berger. Faute de champion unique à l’échelle européenne, chaque pays défendant ses marques nationales, l’industrie automobile se retrouve à un carrefour. Comme le résume Antonio Filosa, patron de Stellantis : c’est désormais « une bataille pour la survie » et pour la place de l’Europe dans le secteur.
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