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Réunions du FMI: le Sénégal veut regagner la confiance des bailleurs internationaux

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Alors que s’ouvrent à Washington les réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale, le Sénégal espère renouer avec l’institution internationale. Après l’éclatement de « l’affaire de la dette cachée », le président Bassirou Diomaye Faye tente de restaurer la confiance financière tout en affirmant sa souveraineté économique.

Bassirou Diomaye Faye, président sénégalas, lors du Forum Invest in Sénégal le 7 octobre 2025
Bassirou Diomaye Faye, président sénégalas, lors du Forum Invest in Sénégal le 7 octobre 2025 © RFI
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La capitale américaine accueille depuis mardi 14 octobre les réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. Un rendez-vous crucial pour le Sénégal, en pleine tourmente budgétaire. Le pays se trouve à un tournant de sa trajectoire économique : transparence, dette publique et crédibilité de l’exécutif sénégalais mené par Bassirou Diomaye Faye sont au cœur des discussions. Voilà plusieurs mois que le président et son gouvernement négocient avec le FMI pour tenter de sortir d’une impasse financière. La dette publique atteint aujourd’hui 119 % du PIB, le chômage les 20 %, et la pauvreté touche plus d’un tiers de la population.

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L’affaire de la « dette cachée » a brisé la confiance

La rupture avec le FMI s’est produite à la suite d’une révélation choc. Au lendemain de son arrivée au pouvoir, Bassirou Diomaye Faye a rendu publics les comptes de l’État. Des audits ont alors mis au jour près de 7 milliards de dollars de dette non déclarée durant l’ancienne présidence : l’affaire « de la dette cachée ». Conséquence directe, le FMI a gelé ses décaissements et suspendu son programme d’aide de près de deux milliards de dollars, plongeant le pays dans une crise de confiance vis-à-vis des investisseurs. Depuis, les autorités sénégalaises veulent démontrer leur bonne foi : création d’une base de données centralisée sur la dette, renforcement des organes de contrôle et volonté affichée de transparence.

Convaincre le FMI sans perdre sa souveraineté

L’objectif de la délégation sénégalaise à Washington est désormais clair : convaincre le FMI d’ouvrir un nouvel accord de financement. Sans ce feu vert, les investisseurs internationaux resteront prudents, et le pays devra continuer à se financer sur les marchés régionaux. Déjà, le Sénégal a levé près de 3 000 milliards de francs CFA sur le marché ouest-africain, dont 450 milliards récemment via un appel public à l’épargne. Le gouvernement joue donc la carte d’un financement mixte, entre aide internationale et ressources internes, en misant sur les futures recettes pétrolières pour ramener le déficit à 3 % du PIB d’ici à 2027. Un pari salué pour l’heure par la directrice du FMI.

Si les négociations aboutissaient, Dakar pourrait revendiquer un double succès : rétablir la confiance internationale tout en préservant sa dignité économique. À défaut, le Sénégal resterait dépendant des marchés régionaux. Tout l’enjeu pour Bassirou Diomaye Faye consiste désormais à obtenir le soutien du FMI sans donner l’impression d’une mise sous tutelle économique.

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