Pourquoi la transition énergétique du fret maritime patine
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L’organisation maritime internationale (OMI), l'agence des Nations unies chargée de réguler le trafic en mer, réunit cette semaine à Londres les 175 pays impliqués dans le transport par bateaux. Son ambition : trouver enfin un accord sur la neutralité carbone du secteur d’ici 2050.

Il y a urgence. La marine marchande assure le transport de 90% des biens échangés dans le monde. Elle émet autant de carbone que le secteur aérien ; si c'était un pays, ce serait autant que l'Allemagne. Elle ferait partie des dix premiers États pollueurs de la planète. Mais cette industrie vitale pour l'économie mondialisée, habituée à évoluer en haute mer, où elle échappe aux lois des États, à l'impôt, fait peu de cas de sa transition énergétique.
Il y a cinq ans, les pays concernés se sont engagés à réduire les émissions de leur flotte de moitié en 2050, sur la base de l’année 2008. Un objectif beaucoup trop timoré, car entre temps le commerce maritime va continuer à croître. Pour avoir un réel impact contre le réchauffement, la marine doit immédiatement s’engager vers la neutralité estiment les scientifiques.
L’agence des Nations unies va-t-elle aboutir à un accord ?
Il y a encore pas mal de réserves des pays pétroliers comme l'Arabie saoudite ou des grands pays commerçants comme la Chine ou l'Inde. Les grands armateurs y sont en revanche plutôt favorables. Le numéro un, le Danois Maersk, comme le numéro quatre, le Français CMA CGM ont déjà entamé leur mue vers la neutralité carbone en 2050.
Depuis l'an dernier, plus de la moitié des nouveaux bateaux commandés sont désormais conçus pour naviguer avec des carburants alternatifs au fuel. Le recours à la voile et au vent est une autre voie expérimentée pour diminuer rapidement la consommation de carburant et donc les émissions de carbone. Mais les pays sont encore très divisés sur le chemin à suivre. Par exemple, l’Europe est moins ambitieuse que les États-Unis ou le Royaume Uni sur les étapes intermédiaires.
Discuter d’une future taxe sur le fret
C'est la taxe dont on a beaucoup parlé il y a quinze jours à Paris lors du sommet sur le nouveau pacte financier. Une partie des recettes pourrait être affectée à un fonds indemnisant les États pour les dommages causés par le réchauffement climatique. L'idée est portée entre autres par les îles Marshall, l’un des États prospérant grâce au transport maritime et aussi l’un des pays qui a le plus à craindre de la montée du niveau des eaux.
Au sommet, une vingtaine de pays ont soutenu la mise en place de ce nouvel impôt, dont la Corée du Sud et le Japon, deux grandes nations maritimes. Mais cette promesse de Paris a peu de chance de se concrétiser à Londres.
Les poids lourds du commerce maritime fermement opposés
La Chine est l'un des plus virulents opposants. D’après le Financial Times, dans les couloirs de la réunion de l’OMI, les représentants chinois diffusent une note auprès des pays en développement pour critiquer cette taxe qu’ils jugent « irréaliste » et surtout trop onéreuse ; une idée disent-ils émanant des pays qui polluent le plus surtout pour protéger leur propre marché.
La Chine, qui est le premier client du fret maritime, est loin d'être isolée. Le Brésil, l’Argentine, l’Afrique du Sud, l’Inde ou la Russie sont contre. Tout comme l’Australie. Les États-Unis sont très réservés. En terme de poids économique, il y a donc une très large majorité qui bataille contre ce nouvel impôt.
À écouter aussi - Grand reportage (2022)Moins de carbone et plus de vent pour le transport maritime
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