Le véhicule électrique toujours pas rentable pour l’industrie américaine
Publié le :
Aux États-Unis, l’engouement pour la voiture électrique s’essouffle. L’industrie automobile en prend acte et commence à ralentir ses investissements.
![Un homme regarde une voiture Tesla ( constructeur automobile américan de voitures électriques sportives et de luxe) dans un magasin de Pékin, en Chine. [Image d'illustration]](https://s.rfi.fr/media/display/a382f9ba-109c-11ea-b443-005056a99247/w:1024/p:16x9/2016-08-10t075034z_2057895755_s1betupemkaa_rtrmadp_3_tesla-china-crash_0.jpg)
Ford et General Motors revoient tous les deux leurs ambitions à la baisse. Pour Ford, l’objectif des 600 000 véhicules électriques sortis d’usine en 2023 est remis à 2024, les 12 milliards de dollars d'investissements dans l'électrique sont gelés. Chez General Motors, le partenariat avec Honda pour sortir un e-véhicule d'entrée de gamme est annulé ; le projet d’usine dédiée au pickup électrique suspendu et la sortie de deux nouveaux modèles reportée. Ce rétropédalage étonne de la part de l’ancien numéro un de l’industrie automobile américaine, car il a été l’un des premiers constructeurs historiques à miser sur le tout électrique dès 2035.
Le marché n'arrive pas à absorber les nouvelles productions américaines disent les constructeurs
Pourtant les Américains n’ont jamais acheté autant de voitures électriques. Le e-véhicule représente près de 8 % des ventes au troisième trimestre, 50 % de hausse par rapport à l’année précédente. Mais l’industrie a surestimé la dynamique du marché et les voitures qui sortent des usines américaines s’accumulent sur les parkings des concessionnaires sans trouver preneur. Car entre-temps, l’inflation a changé la donne. Même Elon Musk le reconnaît : la hausse des taux est néfaste au marché automobile, son usine mexicaine sera revue à la baisse.
L’achat d’une voiture électrique est aussi dominée, et donc parfois refrénée par la politique
Depuis son arrivée à la Maison Blanche, Joe Biden a propulsé cette mutation en multipliant les cadeaux à l’industrie et aux consommateurs. Tandis que Donald Trump a pris le contre-pied. Un discours qui a visiblement des effets sur les ventes : quand cinq électeurs démocrates achètent un véhicule électrique, seulement deux électeurs républicains font de même. La voiture électrique est perçue par les conservateurs comme contraire aux intérêts de l’Amérique. Elle détruit des emplois, et elle accélère la disparition des hydrocarbures, une des sources de puissance et de prospérité de la première économie mondiale.
Du côté des industriels, c’est encore la voiture à essence qui assure la rentabilité de leur modèle économique
Ce sont les gains encaissés, grâce entre autres à ces SUV gourmands en essence, qui leur permettent d’augmenter les salaires pour satisfaire les revendications des grévistes. À l'heure actuelle, la voiture électrique n’est pas rentable et la guerre des prix déclenchée par Elon Musk a aggravé la situation. Le seul chemin bien connu pour gagner de l’argent passe par la Chine, là où le prix des batteries est le plus compétitif. Comme le fait Tesla qui exporte une bonne partie des véhicules construits dans son usine chinoise de Shanghai. Les concurrents pourraient être tentés de suivre son exemple, mais ils prennent alors le risque d’être privé des subventions de l’Inflation Reduction Act, réservées au made in America.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne