Atos: l’État à la manœuvre pour sauver le groupe français
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Atos, le fleuron français de l’informatique, a publié ce mardi matin son plan de refinancement pour échapper à la faillite. Sur cette base, le groupe a maintenant bon espoir de convaincre de nouveaux repreneurs, si possible tricolores.

Atos dit avoir besoin de 1,2 milliard d'euros dans l'immédiat. Les banques et l'État ont donné leur accord de principe pour une première enveloppe intermédiaire de 450 millions d'euros. En échange, l'État aura un droit de regard en devenant actionnaire du groupe. Car le sort de l’entreprise est devenu un enjeu de politique nationale. Depuis que des sénateurs se sont mobilisés pour empêcher l’arrivée d’un repreneur étranger, le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Il a fini par renoncer.
Mais dans la foulée, Airbus, pressenti pour jouer les sauveurs, a décliné à son tour. Cette double déconvenue survenue il y a quelques semaines a aggravé la crise qui couve depuis trois ans, depuis que ses soutiens financiers ont sifflé la fin de sa course folle aux acquisitions. En 2024, la mariée n’est pas très appétissante, avec un gros passif, une dette de 4,5 milliards d’euros dont les trois quarts sont à rembourser avant 2025. Et des actifs, essentiellement les services informatiques, en perte de vitesse.
Pépites stratégiques
Atos dispose tout de même de quelques pépites stratégiques pour l’État français. Cela justifie l’intervention de la puissance publique. Atos fournit par exemple les supercalculateurs indispensables pour la simulation des essais nucléaires. C’est aussi Atos qui assure la cybersécurité des Jeux olympiques de Paris 2024. Il assure aussi la sécurité informatique d’une partie des services fiscaux, de la Sécurité sociale, de certains réacteurs nucléaires d’EDF.
L’étoile de la multinationale est bien pâle sur la scène mondiale, mais en France, elle joue un rôle de premier plan. C’est pourquoi Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, s’est engagé à trouver une solution nationale pour sauver le soldat Atos. Et la solution passe peut-être par un poids plume du secteur numérique, la société de conseil Onepoint. L’entreprise française dirigée par David Layani est devenue le premier actionnaire du groupe à la fin 2023.
Une reconfiguration encore incertaine
Ses offres de service ont longtemps été snobées par les dirigeants d’Atos. Mais elle apparait aujourd’hui comme le meilleur des plans B. Surtout depuis qu’elle a obtenu le soutien du fonds de Walter Butler spécialisé dans la reprise des entreprises en péril. L'information annoncée pendant le week-end a revigoré les investisseurs. Ce lundi 8 avril, l’action Atos a rebondi de 20% à la Bourse de Paris.
On parle aussi de l’arrivée éventuelle d'OVH, la licorne française du big data. Dassault aviation ou le groupe de défense Thalès pourraient être sollicités. Enfin, le Tchèque Daniel Kretinsky n'a pas dit son dernier mot. Le suspense reste donc entier sur la configuration future du groupe. Son avenir dépend aussi de la négociation avec les créanciers. Pour eux, la pilule est amère. Atos souhaite diviser sa dette par deux en échange d'une montée au capital.
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