Les États-Unis et l’Europe face à la Chine: même combat?
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En amont du G7 finance qui se déroule en fin de semaine en Italie, Janet Yellen, la secrétaire au Trésor, invite les Européens à faire front commun avec les États-Unis, face à la Chine.
Face à la Chine et à son offre surabondante qui inonde les marchés du monde entier, que ce soit dans le domaine de la voiture électrique, de la batterie ou de l'énergie solaire, Américains et Européens ont besoin de travailler ensemble, a expliqué en substance la secrétaire américaine au Trésor. Jusqu'à maintenant, les États-Unis ont plutôt fait cavalier seul. Donald Trump a déclenché la guerre commerciale et Joe Biden l’a poursuivie. La semaine dernière, il a pris une nouvelle mesure spectaculaire en imposant des droits de douane de 100 % sur les véhicules électriques chinois. Pour la secrétaire au Trésor, le besoin de coordination entre l'Europe et les États-Unis ne fera qu'augmenter à l'avenir. Il y va, dit-elle, de la survie des entreprises.
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La voie médiane de l’Europe
Les Européens privilégient une voie plus modérée face à la Chine. Depuis quelques mois, les 27 durcissent le ton et lancent sans complexe des enquêtes contre des industriels chinois chaque fois qu’ils estiment que le jeu de la concurrence est faussé. Sans pour autant partir en croisade. Les mesures adoptées par Bruxelles sont toujours soigneusement calibrées. Ursula von der Leyen, la présidente de la commission candidate à un nouveau mandat, a rappelé en début de semaine à nos confrères du Financial Times l'attachement de l’Europe à cette voie médiane. Un choix qui a des motivations économiques. Les 27 exportent aussi en Chine. Et leurs entreprises, surtout les allemandes, y sont très présentes. Elles seront en première ligne en cas de représailles. C’est d’ailleurs sur le sol allemand que Janet Yellen a lancé son appel. Invitée par l’école de commerce de Francfort, elle s’est exprimée en présence du ministre allemand des Finances, le libéral Christian Lindner, pas vraiment un fan des enquêtes voulues par la France sur les subventions aux voitures électriques chinoises.
La menace des droits de douane européens
C’est pourtant sur ce marché du e-véhicule que les Européens pourraient très vite rejoindre les États-Unis. Si l’enquête confirme des subventions excessives versées aux trois constructeurs ciblés par la procédure, la commission pourrait imposer des droits de douane de 30 % sur les e-véhicules chinois dès le début du mois de juillet. On est encore très loin des 100 % appliqués aux États-Unis. Mais ce serait une première décision très martiale de la part des 27 ; une décision motivée pas seulement par l’enquête, mais influencée aussi par la décision américaine que les Européens. Car si les volumes excédentaires des véhicules chinois sont bloqués sur le marché américain, ils iront vers d’autres continents, notamment en Europe, le premier marché mondial du véhicule électrique. Et pour la Chine, l'impact sera beaucoup plus sensible. Le tiers des voitures électriques exportées par la Chine sont destinées à l'Europe, contre 1 % seulement pour le marché américain.
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