Un an après la réélection de Donald Trump, qui paie vraiment ses taxes douanières?
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Un an après sa réélection, Donald Trump revendique une Amérique plus forte grâce à ses taxes douanières massives. Le président promettait que la Chine, l’Europe et les autres pays « paieraient » pour redresser l’économie américaine. Mais les chiffres montrent une tout autre réalité : ce sont bien les entreprises et les consommateurs américains qui supportent la facture.

Lors de sa campagne, Donald Trump assurait vouloir « faire payer la Chine, l’Europe et tous ceux qui profitent de l’Amérique ». Selon lui, ces droits de douane ne coûteraient rien aux Américains. Le principe était simple : taxer les produits importés pour protéger les entreprises nationales, réduire le déficit commercial et financer des baisses d’impôts.
Mais la réalité économique, elle, s’est montrée bien différente. En pratique, les exportateurs étrangers ne paient pas ces droits de douane. Ce sont les importateurs américains – distributeurs, industriels, commerçants – qui s’en acquittent auprès du Trésor. Et quand la facture devient trop lourde, elle finit par se répercuter sur les consommateurs.
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Les entreprises américaines en première ligne
Les données du Peterson Institute for International Economics sont claires : jusqu’à l’été 2025, ce sont les entreprises américaines qui ont absorbé la plus grande part du coût de ces surtaxes, notamment dans la distribution, l’automobile et l’électronique. Les recettes douanières ont, elles, explosé, avec plus de 100 milliards de dollars encaissés par le gouvernement entre janvier et juillet 2025, contre seulement 70 milliards sur toute l’année 2024.
Mais cet argent vient… des entreprises américaines elles-mêmes. Des géants comme Apple ou Nike ont tenté de maintenir leurs prix de vente stables, en réduisant leurs marges. Mais cet équilibre n’a pas tenu. Les coûts additionnels ont fini par être transférés aux consommateurs. Résultat : les prix à la consommation augmentent et le pouvoir d’achat recule.
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Un impôt déguisé pour les ménages américains
Les économistes de l’université de Yale estiment que ces taxes coûtent en moyenne 3 800 dollars par an à chaque ménage américain. Autrement dit, une nouvelle forme d’impôt indirect, qui pèse d’autant plus lourd sur les foyers modestes.
Et le phénomène touche bien au-delà des produits importés. De nombreux biens estampillés made in USA sont, eux aussi, concernés, car leurs composants ou leurs pièces détachées proviennent de l’étranger. Presque tout ce qui est consommé sur le territoire est donc indirectement surtaxé.
Donald Trump, lui, reste triomphant. Il affirme que sa politique « rapporte des milliards à l’Amérique ». Et c’est vrai que les recettes douanières devraient dépasser 300 milliards de dollars d'ici à la fin de l’année. Mais ces milliards proviennent avant tout du portefeuille des entreprises et des ménages américains.
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Une Amérique qui taxe le monde… mais se taxe elle-même
En définitive, les taxes de Donald Trump frappent bien les importations du monde entier, mais ce sont les Américains qui passent à la caisse. Les droits de douane gonflent les recettes fédérales, tout en alimentant l’inflation et en grignotant le pouvoir d’achat. Le paradoxe est total : le président voulait faire payer les autres, mais un an après son retour au pouvoir, c’est l’Amérique elle-même qui paie la note.
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