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Fleurs mondialisées

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Le marché de la fleur coupée, utilisée pour les bouquets, est l’un des secteurs de l’économie les plus mondialisés. Huit fleurs sur dix achetées en France viennent de l’étranger, et parfois de très loin, cultivées dans des conditions écologiques déplorables. On peut pourtant se fleurir local.

À  rebours de la mondialisation florale, Désirée, à Paris, ne vend que des fleurs locales et de saison.
À rebours de la mondialisation florale, Désirée, à Paris, ne vend que des fleurs locales et de saison. © RFI/Florent Guignard
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C'est un joli bouquet de fleurs que vous avez acheté. Et votre regard se perd dans sa verdure et ses couleurs chatoyantes, parfaites pour oublier la grisaille de l'hiver et vous relier à la nature. Sauf qu'il y a de fortes chances que ce joli bouquet plombe votre bilan carbone. « On a un présupposé quand on va chez un fleuriste : on se dit ‘‘ c'est coupé, c'est frais, ça vient forcément d'à côté ’’. Alors qu'en réalité, dans 85% des cas ça vient d'un autre pays, et souvent de très très loin », explique Mathilde Bignon, co-fondatrice de Désirée, deux boutiques de l’est parisien qui vendent des cafés et des fleurs. Mais pas n’importe quelles fleurs, précisément : des fleurs françaises, et des fleurs de saison.

Aujourd’hui, le café est fermé, pour cause de Covid. Mais de l’autre côté de la vitre, le local de la fleuriste ne désemplit pas. Rempli de fleurs multicolores, anémones, renoncules, narcisses, tulipes et mimosa, la star du moment pour son jaune soleil et son parfum du sud, exposée sur le trottoir. « Les passants mettent carrément le nez dedans », s’amuse Mathilde Bignon. Toutes ces fleurs viennent de la Côte d’Azur, propice à leur culture en ce début d'hiver, grâce à son doux climat méditerranéen. C’est le cas de novembre à mars, avant que Désirée ne se fournisse auprès d’horticulteurs de la région parisienne, de mars à octobre.En vendant uniquement des fleurs locales et de saison, la boutique Désirée est quasi unique en son genre, une sorte d’antithèse de la mondialisation florale.

60% des roses achetées en Europe viennent du Kenya

85% de fleurs vendues par les fleuristes français viennent de l'étranger. En premier lieu des Pays-Bas, le premier pays producteur de plantes au monde, depuis des siècles, d'abord grâce à la tulipe. Mais le marché de la fleur coupée n'a pas échappé à la mondialisation et aux délocalisations. La Colombie, l'Équateur, l'Éthiopie et le Kenya sont ainsi devenus de véritables pays horticoles, grâce à des conditions climatiques idéales et une main d'œuvre bon marché.

Le Kenya, premier producteur mondial de roses, fournit ainsi 60% des roses vendues en Europe. « On peut y produire toute l'année, en se fichant de la saison, puisqu'il fait 20 degrés, le soleil se lève à 6 heures et se couche à 18 heures, tout le temps, rappelle Mathilde Bignon. Donc on a une production de fleurs qui est perpétuelle. Sauf que ce sont des fleurs qui sont très traitées. Les pesticides s’en vont dans le sol et dans l’air ainsi que sur les mains et dans les poumons des gens qui les travaillent. » Sans parler de l’épuisement des nappes phréatiques. Mais le bilan écologique de l’horticulture kenyane s’aggrave encore, puisque la production est ensuite exportée à bord d’avions-cargos dont le ballet augmente considérablement au moment de la Saint-Valentin.

Des serres chauffées et éclairées

Des milliers de kilomètres pour arriver chez les fleuristes, avant d’atterrir dans votre vase. Un bouquet de rose acheté en France pollue ainsi autant qu’un trajet de 20 kilomètres en voiture. Mais ce bilan carbone désastreux peut être encore pire : pour les fleurs cultivées aux Pays-Bas, paradoxalement. Dans ce pays du nord de l’Europe, on produit toute l’année comme si on était sous l’équateur, grâce à des serres chauffées et éclairées.

Mais il y a pire encore. L'industrie de la fleur coupée, car c'est une industrie, marche sur la tête. Mathilde Bignon nous livre un exemple de la mondialisation poussée jusqu'à l'absurde. « La France et l'Italie sont les deux pays producteurs de renoncules, une fleur d'hiver achetée en gros par des acheteurs hollandais aux marchés au cadran locaux. Elles remontent ensuite aux Pays-Bas, au marché de fleurs d'Aalsmeer (situé à proximité de l'aéroport d'Amsterdam-Schiphol), le premier marché européen aux fleurs. Elles sont alors dispatchées dans toute l'Europe, et arrivent parfois à Rungis. » Le marché de gros de la région parisienne. A quelques kilomètres des champs où nos renoncules ont poussé.

LA QUESTION DE LA SEMAINE

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C'est la girafe. L’animal dont le cou presque infini lui permet d'atteindre une taille supérieure à 5 mètres de haut, un avantage indéniable pour se nourrir des feuilles des arbres les plus perchées. Mais en Ouganda et en Namibie, on a observé deux girafes naines, deux fois plus petites que la moyenne, une anomalie exceptionnelle, provoquée par des troubles du squelette. Ces deux girafes, malgré leur taille qui les rend plus vulnérables, ont réussi à devenir adultes. Deux mâles, en revanche, trop court sur pattes, qui ne pourront sûrement pas se reproduire. Parfois la taille ça compte un peu.
 

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