La France commémore, le 5 mai 2021, le 200e anniversaire de la mort de Napoléon. Gros plan sur l’héritage qu’a laissé l’empereur aux mondes végétal et animal

Napoléon est un gros poisson. Le napoléon, petits yeux globuleux, bouche charnue, couleur turquoise, peut mesurer deux mètres. Il est l’un des animaux les plus gros des récifs de coraux. Il doit son nom à la bosse qu’il a sur le front et qui rappelle le bicorne de Napoléon.
Napoléon et la nature ? Ce ne fut pas toujours une histoire heureuse… Lors de la campagne d’Espagne, l’armée napoléonienne n’a guère goûté le laurier-rose, belle plante toxique. Pour cuire leur repas, les soldats cherchaient du bois. « Et le seul bois qu’il y a, c’est le laurier-rose, raconte le botaniste du Domaine du Rayol, dans le Var, Alain Menseau. Ils font donc leur feu avec du bois de laurier-rose, et ils mettent leurs brochettes sur le laurier-rose qui brûle. La chaleur fait sortir la sève, qui imbibe la viande que les soldats vont manger. Il y a eu plusieurs morts, et toute l’armée a été malade, incapable de combattre. »
L’homme qui plantait des platanes
Mais la trace que Napoléon a laissé dans l’histoire naturelle ne se résume pas à un nom de poisson ni à une grosse intoxication. C’est une trace durable, qui a façonné bien des paysages de France : les alignements de platanes, « cathédrales végétales » qui font de l’ombre aujourd'hui sur les routes des vacances. C’est pour leurs larges feuilles, leur croissance rapide et leur résistance que Napoléon choisit des platanes, pour protéger du soleil les soldats partis à pied ou à cheval sur les routes de l’empire – les voitures climatisées n’existaient pas à l’époque.
« Il l’a fait pour la grandeur de la France. Mais Napoléon n’a pas été le premier à planter », rappelle Chantal Fauché, la présidente de l’Association pour la protection des arbres en bord de route. Les premiers arbres plantées le long des chemins remontent au roi Henri II, au XVIe siècle, parce qu’on manquait de bois. Ils servirent aussi à délimiter le domaine public des parcelles privées. « Il y a une tradition française bien établie : la route ne se pense pas sans des alignements d’arbres, poursuit Chantal Fauché. L’idée de planter partout a essaimé en Europe et jusque dans les colonies. On retrouve en Tunisie des alignements d’arbre plantés par la France. »
Ces platanes qu’on abat
Mais cet héritage napoléonien, à priori peu sujet à controverses, a beaucoup souffert au XXe siècle. Le platane serait un aimant à voitures. En France, 10% des morts sur la route se tuent contre un platane. Des centaines de milliers d’arbres ont ainsi été abattus au nom de la sécurité routière, avant une forme de moratoire plus ou moins respecté depuis les années 2000. Une étude britannique a d’ailleurs montré que les alignements d’arbres contribuaient à réduire la vitesse, contraignant les automobilistes à redoubler d’attention. Et plus les arbres sont rapprochés, plus la vitesse diminue.
« La couronne de Napoléon Ier était-elle en laurier-rose ? »
Non, les couronnes de laurier sont faites de laurier-sauce, le laurier qui parfume la cuisine méditerranéenne. Mais les empereurs préfèrent son nom scientifique, Laurus nobilis. La couronne de laurier, symbole de l’immortalité parce que ses feuilles restent vertes en hiver, coiffait les héros sous la Grèce antique. Pour son sacre, Napoléon, un peu bling-bling sur les bords, avait choisi une couronne recouverte de feuilles, oui, mais des feuilles d’or.
NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail
Je m'abonne