En région parisienne, dans la plaine de Pierrelaye, près de Cergy, une forêt est en train d’être plantée. Une forêt résiliente, sur un sol pollué, avec des arbres adaptés au réchauffement climatique.

Des milliers de petits arbres, presque à perte de vue. C’est le nouveau décor de la plaine de Pierrelaye, au nord-ouest de Paris, près de Cergy, où on a commencé à créer une forêt. Des ouvriers tracent des lignes d’arbres, armés d’une serfouette. Des petits trous dans la terre, à la chaîne, ça s’enchaîne, des centaines de chênes sont plantés, et même des milliers. Et des érables, et des alisiers, tous les un ou deux mètres, des plants de quelques centimètres qui formeront bientôt la nouvelle forêt de Pierrelaye.
« On est sur des densités assez fortes, puisqu’on a 2 500 tiges par hectare, de manière à créer une ambiance forestière plus rapidement, explique Joseph Passot, chef de projet boisement à l’ONF, l’Office national des forêts, maître d’ouvrage de cette plantation prévue sur plus de 1 300 hectares. Le fait de les serrer, ça va venir les gainer, les forcer à pousser les uns avec les autres, pour grandir comme une forêt. À terme, quand ce sera une forêt un peu plus mature, il y aura des travaux de sylviculture pour aider le processus naturel de sélection des tiges. Donc les plants que vous voyez là, ne vont pas tous atteindre un terme comme ce qu’on pourrait imaginer en forêt. »
Des légumes pleins de plomb
Cette forêt va pousser sur un sol pollué. C’est ici que la ville de Paris a déversé pendant plus d’un siècle les boues de ses égouts. On y faisait pousser des légumes, des plantes aromatiques, pleins de métaux lourds, jusqu’à l’interdiction de toute culture en 1999. « L’objectif de la forêt est d’occuper le sol pour éviter qu’il soit directement accessible et assimilable par la population : il s’agit de masquer le sol pollué et l’occuper par de la végétation, précise Andrea Németh, ingénieure paysagiste à l’ONF, qui nous montre une allée de mûriers blancs récemment plantée. Ces mûriers ne font pas de fruits, pour éviter justement la consommation éventuelle de fruits. C’est à cause des sols pollués qu’on a écarté les fruitiers dans le choix des essences forestières, pour éviter cette attirance du public pour la cueillette. »
Autre impératif dans le choix des essences : des arbres capables de résister au réchauffement climatique, à la sécheresse, même dans un siècle. L’ONF a sélectionné les essences grâce à des outils de modélisation climatique, avec des scénarios sur 50 ou 100 ans. « En fonction de ces simulations, on est venu ajouter des essences présentes en France mais qui sont peut-être davantage visibles sur des forêts aux contraintes hydriques ou d’ensoleillement plus compliquées. C’est l’exemple du chêne pubescent, une essence en France en développement, plus méridionale, qu’on vient installer maintenant sur des territoires où on n’avait pas forcément l’habitude de la voir, et qui semble davantage adaptée au climat », détaille Joseph Passot.
Un million d’arbres
Quelques 80 essences d’arbres seront plantées ici. Un total d’un million d’arbres. La future forêt fera le lien avec les forêts voisines de Saint-Germain et Montmorency. C’est la ceinture verte du Grand Paris, une continuité végétale. Et quand il y a du végétal, il y a forcément de l’animal. « Ça va faire revenir les animaux qu’on trouve classiquement en forêt, donc il y a déjà quelques sangliers, quelques chevreuils, des lapins, des faisans, des lièvres, tout un tas d’animaux qui sont là et qui vont finalement davantage profiter de ces milieux-là. C’est sûr que quand on emmène quelque chose de nouveau sur un endroit, les animaux sont assez curieux donc viennent goûter. » La naissance d’une forêt est aussi une renaissance.
Non, bien sûr que non, il y a aussi, entre autres, quelque chose que vous ne verrez jamais à l'œil nu, et pourtant il y en a des milliards. Des microalgues. Dans un gramme de sol, on en compte 5 millions ! Et selon une étude du CNRS publiée cette semaine, les microalgues absorbent 30% des émissions de CO2. Autant que les plantes. Des alliées de poids dans la lutte contre le réchauffement climatique. Des études sont aussi menées pour produire, avec des microalgues, de l'hydrogène et du biocarburant. Mais pour les cultiver, il faudrait abattre des arbres.
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