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Ça devient chaud pour la biodiversité marine

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La température des océans a enregistré un nouveau record au mois de mai, en raison du réchauffement climatique, ce qui n’est pas sans conséquence pour les plantes et les animaux marins. Les récifs coralliens sont particulièrement menacés.

Un récif de coraux géants en forme de rose à une profondeur de plus de 30 mètres au large de Tahiti, en Polynésie française. (Image d'illustration)
Un récif de coraux géants en forme de rose à une profondeur de plus de 30 mètres au large de Tahiti, en Polynésie française. (Image d'illustration) © AFP/Alexis Rosenfeld
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« Elle est bonne ? » Oui, et même un peu trop. La température des eaux de surface des océans a enregistré un record au mois de mai, après un précédent record en avril, selon Copernicus, le programme d’observation de la planète de l’Union européenne, dans un communiqué publié à l’occasion de la Journée mondiale des océans, le 8 juin. Une eau supérieure à 21 degrés en moyenne, une eau plus chaude, c’est peut-être un rêve d’humains, mais ça peut tourner au cauchemar pour la biodiversité marine.

Une première conséquence pour les animaux qui peuplent les mers et les océans a déjà été observée depuis plusieurs années, dans l’hémisphère nord comme dans l’hémisphère sud : des formes de migrations climatiques. Des espèces marines montent vers le nord ou descendent vers le sud pour y trouver une eau plus fraîche. À l’inverse, en Méditerranée, on a assisté « via le canal de Suez, à l’arrivée d’espèces vivant initialement dans la mer Rouge, relève Serge Planes, directeur de recherche au CNRS. Il y a donc forcément une compétition : les espèces autochtones de Méditerranée se retrouvent à devoir partager de la ressource avec ces nouvelles espèces. »

Un réchauffement de taille

Le réchauffement climatique, et donc le réchauffement de l’eau des mers et des océans, peut même influer sur la taille de certains poissons. Selon une étude de l’Ifremer, l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer, les sardines ont perdu en moyenne 4 centimètres en 10 ans, parce que la quantité disponible de microalgues, leur nourriture, est en baisse.

Mais les premières victimes des canicules marines sont les récifs coralliens, une espèce « structurante » : un tiers des espèces marines de la planète en dépendent. L’eau y est peu profonde et se réchauffe encore plus vite. Les coraux blanchissent, et risquent la mort, avec la disparition de la zooxanthelle. « Cette petite algue unicellulaire en symbiose avec le corail fournit au corail ce qu’on appelle les chaînes carbonées : en gros le sucre, l’énergie dont le corail a besoin », explique Serge Planes, spécialiste des récifs coralliens en Polynésie française. Le réchauffement de l’eau entraîne la disparition de la zooxanthelle « et le corail va se retrouver presque sans aucun partenaire pour lui produire de l’énergie. Vous allez alors avoir un corail affamé, qui va, entre guillemets, "mourir de faim", tout simplement par manque de sucre, ce qui entraîne des morts cellulaires et la mort de la colonie. »

De l’espoir pour les coraux

Quand les canicules marines se prolongent, le taux de mortalité des coraux dépasse les 50 %, « jusqu’à 70 % », selon, Serge Planes, par ailleurs directeur scientifique de la mission Tara dans le Pacifique, pour qui tout n’est pas perdu.

« On ne va changer drastiquement les émissions de CO2, et on ne va donc pas changer drastiquement le réchauffement qu’on observe. En revanche, dans les dix ans à venir, on peut changer certains comportements qui sont tous les autres stress que subissent les coraux : les stress liés aux pollutions, les stress liés à la transformation des bassins versants et l’apport de sédiments... Je pense que c’est sur cela qu’il faut jouer pour, finalement, ne laisser les récifs coralliens devant qu’un seul stress, le stress climatique. Et on pourrait là faire gagner en résilience ces récifs coralliens et leur permettre de passer finalement les caps à venir de canicules marines. »

L’espèce humaine a encore les moyens de limiter les dégâts qu’elle a provoqués - tant qu’il y a de l’espoir, il y a de la vie !

Pourquoi faut-il aussi préserver les herbiers marins ?

Ce sont des plantes sous-marines, et non des algues, qui captent environ 5 fois plus de CO2 qu’une forêt terrestre. Et les herbiers marins, menacés, ont deux alliés majeurs, deux animaux, deux prédateurs. Les loutres, d’abord, qui se nourrissent des oursins, qui prolifèrent sans prédateur et qui déciment ces prairies... En fouillant la végétation, les loutres favorisent aussi la production de graines et leur germination.

Quant aux requins-tigres, on s’est aperçu en Australie qu’ils effrayaient les tortues, qui devaient trouver d’autres refuges. Sans requins-tigres, les herbiers marins frôleraient l’extinction. Mais les requins, eux-mêmes, sont menacés de disparition.

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