Avant la Journée mondiale des vers de terre, samedi 21 octobre, gros plan sur un habitant remarquable des sous-sols, au rôle écologique majeur.

Souvenir ému d’une rencontre impromptue dans la nature : « Il avait quelque chose dans sa gueule. C’était un petit brin d’herbe. J’ai voulu lui prendre. Quand j’ai tiré, il a tiré la tête en fait. Il ne voulait pas lâcher le brin d’herbe ! », raconte Christophe Gatineau, agronome, devenu écrivain et journaliste, après un face-à-face fugace avec un ver de terre, un échange inattendu entre un homme et un animal qui ne voit rien, plongé dans le noir la plupart du temps.
« Quand il se déplace sur le sol, il lève régulièrement un peu la tête comme un serpent, décrit Christophe Gatineau. On le voit avec sa bouche : il palpe l’air. Il n’a pas d’yeux, mais il fait la différence entre la lumière et l’absence de lumière puisqu’il a des capteurs disposés sur son corps, mais il ne distingue pas du tout les formes. Si on ne fait pas de bruit, il suffit de passer la main à 20 centimètres au-dessus de lui, pour lui couper la lumière, et immédiatement, il se fige. »
Engrais naturel
Christophe Gatineau, issu d’une famille d’agriculteurs, se présente comme « géodrilologue de terrain », spécialiste des vers de terre. Il a publié plusieurs Éloges du ver de terre, pour défendre le lombric et son grand rôle écologique. « Grâce à leur déplacement, leurs galeries, ils vont permettre à l’eau de mieux circuler à l’intérieur du sol, ainsi que l’air. Comme les humains et les animaux en règle générale, ils font pipi et caca. Leurs urines sont directement assimilables par les plantes. Leurs fèces permettent de stocker du carbone, de ralentir le cycle du carbone, et sont en même temps un engrais sur le long terme. »
À écouter aussiAutour de la question - Pourquoi faire l'éloge du ver de terre ?
Ces ingénieurs sous-terrain sont ainsi responsables de 6,5% de la production mondiale de céréales, l'équivalent de la Russie, selon une étude publiée le mois dernier. En 2008, le gouvernement irlandais avait chiffré l'apport de ses vers de terre : « Juste pour un petit pays comme l’Irlande, ça avait été estimé à 700 millions d‘euros, et même 1 milliard d‘euros si on rajoutait une action extrêmement importante, puisque seuls les vers de terre peuvent faire cela : labourer le sol, ramener à la surface de la terre nouvelle, ce qui va permettre de rajeunir le sols », précise Christophe Gatineau.
Menacés par la chimie
Plus de 7 000 espèces de vers de terre habitent et nourrissent les sols de la planète (en même temps que d’autres animaux s’en nourrissent, des oiseaux, des reptiles, des mammifères…) Mais comme l’ensemble de la biodiversité, les vers de terre sont menacés par les intrants chimiques. Et alors que cette semaine les pays de l’Union européenne se sont divisés sur l’utilisation du glyphosate en agriculture, plusieurs études ont démontré les effets néfastes de ce puissant herbicide sur les vers de terre en particulier. « On peut donner à boire du glyphosate à un ver de terre, il n’y a aucun souci, explique Christophe Gatineau. Le seul souci, c’est sur le temps long. Le glyphosate contrarie son développement ainsi que sa reproduction. » Un ver de terre fertile, c’est pourtant la garantie d’une terre fertile.
Un magnolia, cet arbre aux grandes fleurs rose ou blanches, l’une des plus anciennes plantes à fleurs, s'est retrouvé en France au cœur d'une bataille judiciaire entre voisins. L'arbre, âgé d'une quinzaine d'années, était accusé par les propriétaires d’un logement de « préjudice d'ensoleillement » - il faisait de l'ombre. Selon une loi de Napoléon, dans ce genre de conflit, on peut couper un arbre s'il a moins de 30 ans. C'était donc mal parti pour le magnolia. Mais le juge a donné raison à l'arbre, en invoquant un « préjudice écologique », une première. Il ne sera pas ratiboisé. Magnolia forever.
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