Chronique des médias

Royaume-Uni: Elizabeth II, la reine des ondes

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Entre Elizabeth II et les médias britanniques, c'est une longue histoire. Analyse.

Diffusion du discours d'Elizabeth II sur écran géant dans les rues de Londres, lors de la pandémie de Covid-19, le 9 avril 2020.
Diffusion du discours d'Elizabeth II sur écran géant dans les rues de Londres, lors de la pandémie de Covid-19, le 9 avril 2020. © AP/Kirsty Wigglesworth
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Plus de 100 millions d’abonnés, sujets ou non de feu Sa Majesté, ont suivi la série The Crown, sur Netflix, qui sortira sa cinquième saison en novembre. Si cette série a rencontré un tel succès, c’est parce que la fiction parvenait à se glisser dans les interstices de la vie d’Elizabeth II, auxquels les médias n’ont pas eu accès, comme durant cette fameuse semaine de 1997 où la reine a attendu six jours avant de réagir à la mort de Diana.

Elle a su trouver les mots, et il y a bien un avant et un après-Diana dans les relations entre la Couronne et les médias ou la presse britannique. Une partie de la famille royale, et notamment les princes William et Harry, considérait que la princesse avait été tuée par les paparazzis travaillant pour les tabloïds. Une sorte d’accord avait donc été conclu entre les médias et la reine : ils la laissaient à l’écart de leurs investigations, et surtout ils n’empiétaient pas sur la vie privée des deux enfants jusqu’à ce qu’ils deviennent adultes. Pour le reste, Buckingham Palace veillait à distiller quelques informations sans importance comme sur les chiens de la reine.

Maîtrise de la communication planétaire

Car s’il est une chose qui caractérisait Elizabeth II, c’était bien sa grande maîtrise de sa communication planétaire. Elle s’est d’abord faite connaître pendant la guerre à la radio, en encourageant les enfants à tenir bon sous les bombardements. À la demande du prince Philip, son mari, et contre l’avis de Churchill, son mariage a été retransmis en direct par la BBC dès 1953, ce qui a permis à une vingtaine de millions de Britanniques de suivre l’événement à ses côtés. Mais, dès cette époque, il y a eu débat au palais pour savoir jusqu’où il fallait aller. En 1969, un documentaire intitulé Royal Family, qui suivait les Windsor dans leur quotidien avec barbecue et jeux de détente, a eu pour effet de désacraliser l’institution et la reine s’est depuis lors bien gardée d’en laisser trop voir.

Elle s’est contentée de prendre la parole à Noël ou lors de grandes crises comme le Covid-19, le Brexit ou pour l’ouverture de la COP26. On l’a vue apparaître avec Daniel Craig pour les JO de Londres de 2012, où une doublure saute en parachute. Toujours, elle apparaissait consensuelle et n’a jamais exprimé ce qui peut ressembler à une opinion. Elle n’a d’ailleurs accordé d’interview qu’une seule fois à la BBC, sur le déroulé de son couronnement. Le journaliste, qui avait dû attendre 22 ans, n’avait le droit de ne poser aucune question. Il s’agissait d’une simple conversation. Il n’est pas très étonnant que devant un système aussi corseté, le cadet Harry ait choisi l’ultra-communication avec Meghan.

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