Chronique des médias

Les angles morts de la guerre en Ukraine

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Focus sur les angles morts de la couverture médiatique de la guerre en Ukraine, un an après le début de l’offensive russe.

Volodymyr Zelensky apparaît à l'écran pour s'adresser aux gens lors de la manifestation intitulée «Stop Russia's War against Ukraine», devant l'ambassade de Russie à Copenhague, au Danemark, le vendredi 24 février 2023.
Volodymyr Zelensky apparaît à l'écran pour s'adresser aux gens lors de la manifestation intitulée «Stop Russia's War against Ukraine», devant l'ambassade de Russie à Copenhague, au Danemark, le vendredi 24 février 2023. AP - Mads Claus Rasmussen
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Les 12 000 journalistes accrédités pendant la guerre en Ukraine témoignent de la mobilisation des rédactions pour ce conflit qui a été le premier sujet couvert en France l’an dernier, avec 27% des titres à la Une, selon l’institut Onclusive. Et pourtant, il reste des angles morts. Si des massacres comme celui de Boutcha sont bien documentés, notamment par le New York Times qui y est resté huit mois pour pouvoir incriminer le 234e régiment de parachutistes russe, il est beaucoup plus difficile d’avoir une vue d’ensemble des pertes des deux côtés. 

L’état-major norvégien parle de 180 000 blessés et tués côté russe contre 100 000 Ukrainiens. Les Britanniques apportent les mêmes estimations côté russe en précisant qu’il y aurait eu entre 40 000 et 60 000 morts. Mais Kiev parle aussi de « 800 soldats russes tués par jour », ce qui amène Le Figaro à parler d’un « impossible décompte pour les deux camps ».

Trolls et infox 

La propagande est aussi active. Du côté du Kremlin, l’invasion est d’abord euphémisée sous le terme « d’opération militaire spéciale » et justifiée par le mensonge de la « nazification de l’Ukraine ». Les usines à trolls d’Evgueni Prigojine prennent le relais pour fabriquer un récit à grand renfort d’images manipulées ou de contestation des crimes. 

Si la Russie se déploie dans les infox, l’Ukraine mise davantage sur la communication avec un chef d’État qui va sur le front et redonne courage. Zelensky se rend à Washington ou à Bruxelles et envoie des vidéos à Strasbourg, mais aussi à Cannes pour le festival de cinéma ou de la publicité. Cela n’empêche pas non plus la propagande, comme quand Kiev a faussement prétendu que le mémorial juif de Babi Yar avait été bombardé, au début de la guerre, ou qu’un missile russe était tombé en Pologne alors que c’était un tir de sa défense. 

Des accréditations retirées

De plus, il est aujourd’hui difficile de voir la guerre côté russe. Les incursions de la presse occidentale sur la zone de front, même très encadrées, ne sont plus autorisées par Moscou depuis l’été. Dans le Donbass, un reporter de The Economist regrettait de ne pouvoir vérifier si les Ukrainiens bombardent des civils à Donetsk, comme le disent les pro-Russes. 

Et faute de correspondants en Russie, les jeux de pouvoir entre le Kremlin, l’état-major et la milice Wagner échappent aux médias occidentaux. Côté ukrainien, il arrive que des accréditations soient retirées quelques jours, comme ont pu le voir à Kherson les reporters de TF1, CNN et Skynews, jugés trop près des premières lignes. Bien sûr, il y a là aussi de la propagande, mais il ne faut jamais oublier qu’il y a un envahisseur et un envahi.

► À écouter aussi : La falsification de l’histoire, socle de la mobilisation russe contre l’Ukraine

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