L'avenir incertain de France Télévisions face à des financements en baisse
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Le rapport de la Cour des comptes épingle la gestion de France Télévisions.

C'est « une situation financière préoccupante » qui a été dépeinte mardi par la Cour des comptes. L'entreprise, qui reçoit plus de 2,5 milliards d'argent public, est en déficit, avec une perte d'exploitation de 50 millions d'euros en 2025. C'est dû à la baisse tendancielle du concours de l'État, moins de 161 millions entre 2018 et 2022, mais aussi au fait que les recettes publicitaires ont profité d'un effet d'aubaine au moment des Jeux olympiques, en 2024.
En réalité, écrit la Cour des comptes, face à « la situation financière critique » du groupe, il faut revenir sur l'accord collectif, en vigueur depuis douze ans, qui distingue 160 métiers, limite leur polyvalence et freine l'évolution des compétences. Ce sont donc des réformes structurelles qui sont demandées ainsi qu' « une trajectoire financière réaliste », après des « orientations contradictoires » ces deux dernières années de la part de l'État.
Vers de nouvelles coupes ?
Un rapport publié à un moment où l'exécutif songe à de nouvelles coupes. La semaine dernière, Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, a révélé que le gouvernement Bayrou prévoyait un « effort supplémentaire de 65 millions d'euros » pour 2026. Iris Bucher, la présidente du syndicat des producteurs, a alors sorti sa calculette : une soixantaine de millions, ça veut dire en moins « 85 épisodes de 52 minutes, une quarantaine de soirées par an, ou, pour le résumer, une case de fiction sur France Télévisions ».
Comme le nouveau premier ministre Sébastien Lecornu cherche des économies, le président de l'Arcom, Martin Ajdari, a mis en garde contre des coupes trop brutales. Et le patron de TF1, Rodolphe Belmer, s'est dit « très mobilisé », car il sait que le dynamisme de sa filière dépend des investissements de France Télé dans la fiction, qui représente le tiers des budgets.
Cela intervient à un moment où France Télévisions est dans le collimateur de l'extrême droite. Sur fond d'accusation de connivence avec le Parti socialiste de deux chroniqueurs, Patrick Cohen et Thomas Legrand, les médias de Vincent Bolloré tirent à boulets rouges sur France Télévisions et Radio France. Les deux groupes ont répliqué et Delphine Ernotte a même parlé de « chaîne d'extrême droite » à propos de CNews. Aussitôt, Marine Le Pen l'a qualifiée de « militante très marquée à gauche » et a demandé son départ. Il faut rappeler que le RN souhaite la privatisation de l'audiovisuel public, et cela, pour une bonne raison, c'est que cet audiovisuel est au sommet des audiences et que c'est la première source d’information des Français. C'est encore la Cour des comptes qui le dit.
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