Longtemps considérée comme une simple plateforme de discussion pour « gamers », Discord est devenu un espace de mobilisation de nombreux jeunes de la génération Z, des 15-30 ans. À tel point que l’on peut se poser la question : Discord est-elle déjà un média ?

Discord, on en parle beaucoup en ce moment à cause des mobilisations de la GenZ au Maroc ou à Madagascar. Elle a même pu être un élément à l'origine de la nomination d'une Première ministre au Népal, Sushila Karki, après des conversations puis des manifestations contre le pouvoir et enfin un vote la soutenant sur la plateforme. Discord a de très loin dépassé sa vocation de réunir des groupes de chat et des live sur des jeux vidéos. C'est devenu un média social où des gens d'une même génération se retrouvent par affinité, entre fans d'un même groupe ou d'une même thématique.
Et c'est aujourd'hui un outil politique de contestation de la GenZ sur des sujets d'autant plus mobilisateurs qu'ils font consensus. C'est l'état déplorable de l'hôpital public à Agadir après la mort de huit femmes accouchées par césarienne alors que le royaume dépense des centaines de millions pour les stades de la Coupe du monde. Ce sont les coupures d'eau et d'électricité à Madagascar ou la corruption et l'interdiction de TikTok au Népal. Discord est la plateforme sur laquelle se sont retrouvées les discussions sur ces sujets. Le journal Le Monde en parle comme d'une « place Tahrir numérique ».
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À chaque génération sa plateforme et c'est vrai qu'on retrouve sur Discord la dimension d'agora, de groupes affinitaires qui peuvent rapidement essaimer. On peut y partager des contenus ou des vidéos, y compris de désinformation. Mais la différence, c'est que le pseudonymat y est généralisé, que l'on ne cherche pas à l'exposition publique et qu'il y a un sentiment de liberté d'autant plus grand qu'il n'y a pas de verticalité de la plateforme, donc aucune censure. Ce sont juste des modérateurs issus des groupes qui mènent le jeu. Un peu comme dans une salle de classe, avec des délégués, mais pas de prof.
La désinformation, quel est le risque ?
On partage sur Discord du journalisme, mais on y retrouve aussi des fausses informations qui profitent de serveurs privés non indexés par les moteurs de recherche. On est comme dans une salle de réunion fermée. À chaque groupe de se modérer et de saisir la plateforme en cas de problème. La police infiltre certains groupes et comme la plateforme est américaine, elle peut donner accès aux discussions, par exemple de l'assassin de Charlie Kirk. On peut aussi l'utiliser pour relayer de l'information vérifiée, comme le fait Noël Tadegnon de Togocheck auprès d'un groupe de 300 personnes.
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