Horizon 2030-2040: l'Europe en mal de pétrole
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L'inéluctable pic pétrolier se rapproche chaque année un peu plus. Difficile de dire quand sonnera précisément l'heure du déclin. Les experts sont sur la brèche et planchent sur les risques d’approvisionnement pour l'Union européenne, à l'horizon 2030/2050.

Sans surprise, les découvertes de pétrole au niveau mondial sont insuffisantes pour renouveler la production, la tendance au déclin est donc bien réelle. C’est ce que viennent de réaffirmer hier des experts, mandatés par le ministère français des Armées. Ils ont travaillé durant une année afin d’évaluer le risque d’approvisionnement pour l’Europe.
Leur conclusion est pessimiste bien que prudente au vu des nombreux paramètres en jeu. La première de ces variables est bien sûr le prix du baril, imprévisible. Le rythme des découvertes ces prochaines années sera conditionné au marché. C’est avec un baril à 80 dollars au moins que les nouveaux investissements requis pourront se faire, estiment les experts du ShiftProject, le think tank à l’origine de l’étude. Sachant que les explorations à mener demain seront plus coûteuses, car elles se feront sur des gisements moins accessibles, moins importants, et plus contraignants en termes de technologies.
Nigeria : production en déclin mais bon potentiel de découverte
L’Europe est alimentée essentiellement par 16 pays, qui produisent les deux tiers du pétrole mondial. Par ordre d’importance pour l’UE : Russie, Irak, Arabie saoudite, Norvège, Kazakhstan, Nigeria, Libye, Azerbaïdjan, Iran, Royaume-Uni, États-Unis, Mexique, Algérie, Angola, Koweït et Égypte. À ce jour, parmi ces pays, les trois les plus prometteurs en termes d’espérance d’exploration sont la Russie, le Mexique et le Nigeria. Le potentiel de nouvelles découvertes d’ici à 2050 est estimé à près de 7 milliards de barils au Nigeria « à la condition que l’administration de l’attribution des permis d’exploration gagne en efficacité » soulignent les experts. Sur le continent africain, l'Angola et la Libye ont eux des espérances de découverte beaucoup plus faibles.
Au Moyen-Orient, les deux pays qui se distinguent dans ce registre sont l’Iran et l’Irak plus que l’Arabie saoudite, probablement à cause des longues années d’exploitation déjà effectives et des découvertes déjà effectuées.
Après 2030 une baisse irréversible de la production
Sur la décennie 2020, les difficultés d’approvisionnement devraient être limitées, avec une production en baisse de quelques pourcents, mais dans la continuité de ce qui prévalait avant la pandémie. Après 2030 aucune découverte ou exploitation de champs déjà identifiés ne devrait permettre d’enrayer la baisse qui sera alors irréversible selon les experts du secteur. La production totale des principaux fournisseurs actuels de l’UE risque, au cours de la décennie 2030 de baisser de 10 à 20% par rapport au niveau de 2019.
L’ampleur du déclin de la production dépendra des capacités à exploiter les réserves identifiées, et à réaliser de nouvelles découvertes. Autre variable encore plus grande l’exploitation du pétrole de schiste aux États-Unis : son ampleur ces dernières années a été « sidérante » selon les experts. Mais quelle qu’elle soit elle n’inversera pas la tendance.
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