Chronique des matières premières

Joe Biden en croisade contre les majors de la filière viande

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Face à une inflation galopante, Joe Biden annonce un plan « viande » pour s’attaquer au quasi-monopole des grandes majors de la filière.

Si la restructuration de la filière viande aux États-Unis voit réellement le jour, elle ne devrait néanmoins pas avoir d’impact sur le marché mondial.
Si la restructuration de la filière viande aux États-Unis voit réellement le jour, elle ne devrait néanmoins pas avoir d’impact sur le marché mondial. Getty Images/BSIP
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Dans le viseur de Joe Biden, les géants de l’abattage, de la transformation et du conditionnement de la viande. Aujourd’hui, quatre majors contrôlent 85 % de l’industrie de la viande de bœuf aux États-Unis. Inacceptable pour le président américain qui dénonce leurs bénéfices massifs au détriment des éleveurs et du porte-monnaie des consommateurs.  

Un milliard de dollars pour soutenir la concurrence

Joe Biden propose donc un milliard de dollars pour soutenir le développement d’infrastructures indépendantes, afin de concurrencer les grands groupes. Une politique qui provoque déjà la colère de la Chambre de commerce américaine qui dénonce un retour de la régulation des prix, après des décennies de « consensus autour de la politique de la concurrence ».

Au pays du libéralisme, la concentration qui touche la filière viande comme d’autres secteurs est structurelle : cela fait des années que pour faire des économies d’échelle quelques groupes ont pris des positions dominantes, entraînant la disparition des petites entreprises familiales. Résultat : la filière est monopolisée par des mastodontes tels que Cargill, présent à la fois dans la transformation de la viande, mais aussi en amont dans l’alimentation bétail.  

Cette loi du plus fort a jusque-là plutôt profité au consommateur, puisqu’elle a fait baisser les prix… L’inflation aujourd’hui leur est difficilement imputable, puisqu’elle est clairement conjoncturelle pointe un expert et liée à la pandémie. Les États-Unis ont en effet été particulièrement touchés en 2020 avec beaucoup d’absentéisme dans les abattoirs des éleveurs qui ne pouvaient donc plus vendre leur viande pendant que les prix flambaient en magasin.  

Peu d’impact à attendre pour le marché mondial

Si la politique d’affaiblir les majors par une aide à la concurrence aura peut-être du bon pour assainir et réguler la filière, elle ne sera peut-être pas la clé d’une baisse des prix à la consommation, ni d’une bouffée d’air pour les éleveurs. À moins de revoir aussi les relations avec la grande distribution alimentaire dont les marges font souvent des envieux. 

Si cette restructuration de la filière viande aux États-Unis voit réellement le jour, elle ne devrait pas avoir d’impact sur le marché mondial : les États-Unis ont en effet perdu leur suprématie face à l’Amérique latine dans le secteur même s’ils restent un acteur majeur. Et le pays qui fait les prix reste la Chine, le plus gros acheteur du marché.

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