Les fast-foods piégés par les retards d’approvisionnement
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McDonald’s, Kentucky Fried Chicken, les enseignes de fast-foods sont touchées les unes après les autres par des pénuries de frites. En cause des chaînes d’approvisionnement mondiales perturbées par la pandémie.

On peut être un pays producteur de pomme de terre, s’enorgueillir de faire pousser 60 variétés et manquer de frites. Du moins si on les cherche dans les enseignes de fast-foods dont la logique d’approvisionnement ne rime pas toujours avec « proximité ». C’est ce que découvrent de nombreux Kényans, en colère de ne plus pouvoir manger des frites dans leurs restaurants KFC préférés pour cause de pénurie, alors que la récolte kényane de tubercules est abondante.
« Mais produire des pommes de terre en quantité ne veut pas dire pouvoir les traiter en frite », explique Bertrand Ouillon, le directeur de l’Interprofession française de la pomme de terre transformée. Car pour être éligible au statut de frite industrielle le tubercule doit répondre à un certain taux de sucre ou encore à une certaine taille. Il faut aussi des usines capables de le traiter. Et bien sûr avoir fait le choix d’acheter sur place à un prix qui n’est peut-être pas aussi concurrentiel que celui des achats que font les groupes internationaux.
La frite surgelée plus vulnérable depuis la pandémie
La plupart des pommes de terre qui sont commercialisées sous forme de frites surgelées proviennent de deux régions du monde essentiellement et voyagent donc sur de longues distances. En Europe, Belgique et Pays-Bas sont les rois de la transformation et de l’exportation, outre-Atlantique il y a les États-Unis et le Canada. La Chine est le troisième pôle, mais au vu de ses besoins, elle est importatrice nette. Plus localement, d’autres activités industrielles montent en puissance, c’est notamment le cas en Égypte et en Algérie.
Le problème n’est donc pas tant l’offre de pommes de terre, qui est bonne ni son prix aujourd’hui, mais toute la chaîne qui permet d’arriver à la frite, la pomme de terre vendue à l’état frais étant elle très peu échangée ou alors à proximité du pays où elle est produite. Et c’est ce qui peut expliquer les déboires de KFC aujourd’hui, comme ceux de McDonald’s fin décembre au Japon où les établissements ont été contraints de rationner leurs clients.
Des frites plus chères à la prochaine saison
L’industrie des frites surgelées souffre du manque de carton d’emballage, mais aussi du coût des huiles pour ne citer que deux exemples. Une fois le produit fini, c’est le coût du fret et le manque de conteneur qui entrent en jeu.
Aujourd’hui cela explique les retards, voire les pénuries, mais pour la prochaine campagne il faut s’attendre à des frites plus chères, prévient notre interlocuteur, qui intègreront la hausse de l’ensemble des coûts, qu’ils soient liés à la production ou à la perturbation des chaînes d’approvisionnement et qui n’ont pas pu être répercutées ces derniers temps, les contrats ayant été conclus il y a plusieurs mois.
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