Chronique des matières premières

Diamant russe: l'Europe peut-elle s'en passer ?

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Les diamantaires européens ont-ils une alternative au diamant russe ? La Russie est le premier producteur de diamant, mais en Belgique plusieurs voies se sont élevées pour appeler à un boycott. Un sujet qui pourrait être à nouveau évoqué par le président ukrainien qui s’exprime ce jeudi à 14h15 devant le Parlement belge.

La Russie continuera à écouler son diamant en Inde et en Chine également, pendant qu'Anvers perdra près d'un tiers de son activité.
La Russie continuera à écouler son diamant en Inde et en Chine également, pendant qu'Anvers perdra près d'un tiers de son activité. © CC0 Pixabay/Contributeur
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« Demander aux diamantaires de se passer du diamant russe, c’est un peu comme si on vous annonçait que l’eau potable était d’origine russe, et que vous ne deviez plus en boire ! » C’est avec ces mots qu’un négociant parisien résume la dépendance du secteur vis-à-vis de la Russie. 

En volume, le pays est le premier exportateur de pierres brutes. Le groupe russe Alrosa alimente la place forte des diamantaires d’Anvers en Belgique, à hauteur de 25 à 30 % de ses besoins. Il est aussi le gros fournisseur des bijouteries de luxe Place Vendôme à Paris. Dans ce contexte, anticiper d’éventuelles restrictions à l’importation a de quoi donner des migraines aux joailliers et aux horlogers. Tout simplement, car il n’y a pas vraiment d’alternative au diamant russe.

► À écouter aussi : Sanctions contre la Russie: «On va avoir une économie de plus en plus inflationniste»

Anvers contre une mesure de boycott du diamant russe

Certains professionnels pourront peut-être vivre sur leur stock. Les autres devront réduire leur offre... ou se fournir ailleurs, mais sans les mêmes conditions de transparence, prévient l’AWC (Antwerp World Diamond Center) la structure qui chapeaute les professionnels du diamant à Anvers. « Le diamant qui ne passe pas par Anvers partira à Dubaï, où la traçabilité des pierres est loin d’être la même », explique Tom Neys le porte-parole d’AWC. La Russie continuera à écouler son diamant en Inde et en Chine également, pendant qu’Anvers perdra près d’un tiers de son activité. 

Si restriction il y a, elles pourraient être donc préjudiciables à la Belgique plus qu’à la Russie. Et ce n’est pas la philosophie d’une sanction, a rappelé récemment le Premier ministre belge. Il est peu probable cependant que les joailliers européens contournent la règle si elle devait entrer en vigueur. Car « leur image de marque vaut souvent beaucoup plus cher que les diamants russes qu’ils se hasarderaient à vendre », explique un de nos interlocuteurs. 

Marché calme, dans un contexte très incertain

Le principal impact sur le marché pourrait être le prix. Le marché tourne au ralenti en ce moment, car les négociants jouent la prudence, mais selon plusieurs experts, le contexte est annonciateur de prix à la hausse.  

Les turbulences qui touchent le russe Alrosa, dont la représentante aux États-Unis a fermé temporairement les bureaux le 10 mars, ne seront pas sans conséquence sur l’activité du groupe. Elles pourraient par ailleurs profiter indirectement à De Beers l’autre géant du diamant. 

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