Exportations de blé: le faux bond de l'Inde fait grimper les prix
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Après avoir promis d'exporter plus de blé cette année pour soulager le marché international, l'Inde s'est rétractée ce week-end. Une décision qui a fait bondir les prix.
L’Inde est un acteur marginal du commerce de blé, car l’essentiel de sa production – le pays est deuxième producteur mondial – est consommé en interne. Mais les deux dernières bonnes récoltes de 2020 et 2021 ont donné des ailes à New Delhi qui a augmenté ses exportations de manière significative, la moitié étant cependant l’année dernière destinée à un acheteur, le Bangladesh.
Pour cette année, avec une récolte initialement prévue de plus de 110 millions de tonnes de blé, le pays a d’abord pensé mettre 7 millions de tonnes sur le marché international, puis 10, pour compenser le manque de blé ukrainien.
Mais la sécheresse a eu raison des largesses indiennes. L’Inde a revu ses estimations de production à la baisse – 105 millions – alors que les prix se sont mis à flamber sur le marché local - 20 à 40 % de plus pour le blé et la farine. En conséquence, le pays a fait volte-face et a suspendu ses exportations, une annonce très critiquée par les ministres de l’Agriculture du G7. Et même si cette décision est temporaire et susceptible d’être réexaminée, le marché est si tendu qu’il a immédiatement réagi.
Face aux incertitudes, le blé atteint de nouveaux records
Le blé a ouvert hier à 435 euros à la Bourse aux matières premières d’Euronext, « un plus haut toutes échéances confondues », selon un expert du cabinet Agritel. En trois mois, le blé a pris 40 %.
La décision de l’Inde intervient dans un contexte défavorable : le sud des États-Unis, en particulier les zones de production de blé d’hiver, et l’ouest de l'Europe manquent d’eau. En France, premier exportateur de blé de l’Union européenne, les nappes phréatiques ont été sous-alimentées et une baisse de rendement est déjà envisagée. Du côté du Maghreb, le Maroc s’attend à une des récoltes les plus basses de son histoire en raison là aussi de la sécheresse qui frappe le bassin méditerranéen.
La production mondiale pourrait chuter pour la première fois en 4 ans, les stocks mondiaux eux devraient tomber à leur plus bas depuis six ans sur la période 2022/2023, selon le dernier rapport du ministère américain de l’Agriculture.
Les exportations russes de blé à surveiller
La décision indienne ajoute une couche de complexité sur les marchés céréaliers, résume Sebastien Abis expert en géopolitique agricole et alimentaire. Elle met un peu plus de pression sur les exportations de céréales russes. La production s’annonce plutôt bonne, mais difficile de dire quel volume de blé Moscou réussira à exporter, dans le contexte actuel.
En l’absence d’éléments rassurants, l’approvisionnement en blé et son coût vont rester la question de ces prochains mois pour tous les pays qui ont des appels d’offres en cours ou à venir.
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