Chronique des matières premières

France-Chine, le riz en commun

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La France est un lilliputien sur le marché du riz : elle produit 2% de l’offre européenne, autant dire quelques grains sur la planète. Mais ça ne l’empêche pas de coopérer avec la Chine, géant asiatique dans le domaine, pour réfléchir au riz de demain.

Du riz chinois produit en Camargue. Défenseur d'un riz durable -via le projet « Sustainable EU Rice – Don’t Think Twice » - les européens misent aujourd'hui sur l'hybridation et la mécanisation pour plus d'autonomie alimentaire.
Du riz chinois produit en Camargue. Défenseur d'un riz durable -via le projet « Sustainable EU Rice – Don’t Think Twice » - les européens misent aujourd'hui sur l'hybridation et la mécanisation pour plus d'autonomie alimentaire. © RFI/Marie-Pierre Olphand
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En Camargue, région rizicole française, on le surnomme « Albert », plus facile à prononcer que son prénom chinois. Albert est un « brideur » un raccourci pour hybrideur, autrement dit un spécialiste de l’hybridation du riz, une science qui vise à trouver des riz plus résistants aux maladies et aux ravageurs, pour de meilleurs rendements, mais pas que…

Trouver un riz qui résiste au sel et au manque d’eau

Français et Chinois travaillent également en effet sur des variétés capables de s’adapter à l’évolution du climat européen, c'est-à-dire du riz qui pousse avec moins d’eau et avec une eau plus salée. À 2 grammes de sel par litre, le riz fait grise mine. Or, le réchauffement climatique qui entraîne une montée du niveau de la mer provoque aussi des remontées salines de plus en plus fréquentes dans les rizières.

Cela concerne la Camargue, en France, la région du Po, en Italie, mais encore bien d’autres zones deltaïques d’Asie confrontées au même problème. Le sel et la sécheresse font chuter les rendements. Cette année, l’Europe risque de devoir doubler ses importations de riz – soit 2 millions de tonnes contre 1 million de tonnes en temps normal –, en raison d’une production en baisse, notamment en Espagne et en Italie.

Dans les rizières de Camargue, une machine achetée à en Chine pour repiquer le riz mécaniquement.
Dans les rizières de Camargue, une machine achetée à en Chine pour repiquer le riz mécaniquement. © RFI/Marie-Pierre Olphand

Un robot chinois pour planter le riz européen de demain

Parce que la Chine a une longueur d’avance sur la culture du riz, comme le dit le président de l’Union des producteurs riziculteurs européens, les cultivateurs français ont acheté trois exemplaires d’une machine chinoise à repiquer le riz : une sorte de grosse araignée qui se déplace dans l’eau grâce à d’immenses roues. Ces machines ont été testées pour la première fois à grande échelle cet été en Camargue.

La mécanisation permet de repiquer en ligne régulière des plants qui ont poussé hors sol. Une petite révolution, qui permet d’économiser de l’eau, des produits phytosanitaires, et qui ouvre la voie à un désherbage mécanique. Un robot désherbeur vient d’ailleurs d’être inventé en France et testé pour la première fois cet été... Demain, il partira en Chine, qui profitera ainsi d’un renvoi d’ascenseur technologique.

Des Chinois et des Japonais s’intéressent au riz français

France-Chine, c’est, au-delà de la recherche, des échanges commerciaux improbables. L’entreprise française Biosud a réussi à vendre 1 200 tonnes de riz biologique au premier producteur mondial. Du riz étiqueté « haute qualité » destiné à de l’alimentation bébé. Le riz français qui a la particularité de pousser avec beaucoup de soleil et de vent, ce qui limite la production de champignon, commence aussi à intéresser des industriels japonais à la recherche de nouveaux riz pour leur saké et leurs sushis !

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