Chronique des matières premières

Aluminium: les prix retrouvent leur niveau d'il y a 18 mois

Publié le :

Victimes d'une demande qui ralentit et d'une production au contraire toujours soutenue, en Chine et en Russie, les prix de l'aluminium sont en baisse et sont revenus à leur niveau d’il y a un an et demi.

Barres d'aluminium sorties des usines Rusal. (Image d'illustration)
Barres d'aluminium sorties des usines Rusal. (Image d'illustration) REUTERS/Ilya Naymushin
Publicité

L'aluminium n'échappe pas aux craintes qui touchent les métaux de base. L'effet combiné de la très forte augmentation des taux d'intérêts aux États-Unis, et de la crise énergétique, entame sérieusement les projections de consommation. Le marché anticipe une demande moindre. Résultat, les prix ont baissé de près de moitié par rapport au coup de chaud du mois de mars, pour revenir à leur niveau d'il y a un an et demi. « Le marché a basculé d'une lecture géopolitique liée aux approvisionnements à une lecture macro-économique », résume Yves Jegourel, professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers.

Bien que contrainte, l'offre russe se maintient

La baisse des cours est alimentée par une offre satisfaisante : le marché mondial est largement approvisionné par la Chine, par Bahreïn, dont la production a doublé au premier semestre cette année par rapport à 2021, mais aussi grâce à la production russe, dont certains craignaient l'effondrement.

Quand les prix de l'aluminium ont bondi en mars dernier, c'était en effet par crainte d'un ralentissement de l'activité du géant Rusal qui avait produit 3,7 millions de tonnes l'année dernière. Mais finalement, aucune sanction n'a été décrétée contre le secteur de l'aluminium russe, à part celle émise par l'Australie qui a banni l'exportation de bauxite et d'alumine à la Russie pour freiner la transformation sur place.

La Russie a compensé avec des approvisionnements chinois – la Chine a plus que triplé ses exportations d'alumine vers la destination, depuis le mois de mars, par rapport à l'ensemble de l'année 2021 – ce qui lui a permis de pouvoir tenir son rythme de production, à en croire les chiffres de l'Institut international de l'aluminium, et ce notamment grâce à l'entrée en fonction d'une nouvelle fonderie en décembre dernier.

L'aluminium russe a toujours la cote

Le commerce d'aluminium russe se porte, lui aussi, mieux que ne l'aurait laissé penser le contexte international. De mars à juin, l'importation mensuelle moyenne de métal russe en Europe a augmenté de 13% par rapport à l'année dernière. Les États-Unis ont eux augmenté leur importation d'aluminium russe de 20% pendant la même période. « Les producteurs russes ne sont pas sous sanction et restent incontournables » résume l'expert en matières premières.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes