Chronique des matières premières

Jamais la banane dollar n'a coûté aussi cher en automne

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Les bananes d’Amérique latine se font désirer sur le marché européen. Faute d'offre suffisante, leur prix culmine à des niveaux jamais vus à cette saison. Une situation qui profite à la banane africaine.

Le marché de la banane est spécifique dans le sens où il est guidé beaucoup plus par l’offre que par la demande.
Le marché de la banane est spécifique dans le sens où il est guidé beaucoup plus par l’offre que par la demande. © CC0 Pixabay/Alicja
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Le déficit de bananes « dollars » qui proviennent d'outre-Atlantique s’explique par une accumulation de mauvaises nouvelles, « somme toute assez classique », explique un de nos interlocuteurs : des problèmes climatiques au Costa Rica, en Colombie, et en Équateur, des difficultés logistiques à cause des coûts de transport qui ont explosé, et depuis 2021 une baisse de l’utilisation des engrais et produits phytosanitaires – notamment ceux pour combattre la Cercosporiose une maladie qui fait des ravages dans les plantations. 

Résultat, « il n’y a plus une seule banane sur le marché », résume, en grossissant volontairement le trait, Denis Loeillet, chercheur au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement).

Des prix d'automne au plus haut depuis 2015 

Le marché de la banane est spécifique dans le sens où il est guidé beaucoup plus par l’offre que par la demande, c’est donc ce déficit outre-Atlantique qui explique les prix actuels, même si la demande en Ukraine et en Russie a ralenti depuis la guerre.  

Alors qu’ils avaient touché le fond en 2021 – 11,4 euros le carton de 18,5 kg – les prix ont entamé une ascension depuis cet été, pour atteindre, en novembre, une moyenne de 15,5 euros le carton importé en Europe, baromètre élaboré par la cellule économique Fruitrop/Cirad. Il faut remonter à 2015 pour retrouver un prix moyen européen aussi élevé.  

Les prix au détail ne s’en sont pas ressentis pour autant. Car le marché est contractualisé, c’est-à-dire que les prix en vigueur dépendent des contrats fixés en fin d’année précédente. L’explosion actuelle des prix pourrait se ressentir l’année prochaine en revanche. Mais difficile de savoir cependant si les producteurs bénéficieront d’une marge plus grande. 

La banane africaine prend le relais

Dans ce contexte de pénurie de banane dollar, les origines africaines ont le vent en poupe. « Le roi du pétrole qui fixe les prix, c’est celui qui a de la banane verte à proposer aujourd'hui », explique Denis Loeillet. Seule limite pour le continent, les volumes qui ne peuvent pas, du jour au lendemain, être augmentés. 

Faute de bananes, les intermédiaires en profitent pour commercialiser les catégories plus basses qui étaient d’ordinaire réservées au marché régional et qui trouvent aujourd’hui de nouveaux débouchés à l’export.

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