Manioc, les atermoiements de la filière africaine
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La guerre en Ukraine a relancé l'intérêt des pays africains pour le manioc, qui peut en partie se substituer au blé. Mais elle n'a pas pour autant débouché sur de nouvelles pratiques.

Quand il n’est pas consommé sous forme de tapioca, foufou, gari ou attiéké, le manioc peut entrer dans la fabrication du pain. C’est un des substituts reconnus du blé et cela n’a pas échappé au Nigeria, un des pionniers de la transformation du manioc sur le continent : dès 2002, Olusegun obasanjo encourageait en effet son utilisation, rappelle une étude de la société de conseil Global Sovereign Advisory.
De nouvelles normes mises en place pour la farine
Depuis trois ans, d’autres pays ont enclenché le mouvement, en mettant en place des normes de qualité pour la farine de manioc, c’est le cas de la Côte d’Ivoire, du Gabon, de la République démocratique du Congo, et plus récemment du Congo-Brazzaville. Le mouvement ne date donc pas d’hier, mais il a été renforcé, au moins dans les intentions et les discours politiques, par la flambée des prix du blé et le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Un contexte porteur qui ne s’est cependant pas vraiment traduit dans les faits. Paradoxalement, les prix records du blé n’ont pas encouragé la mise en œuvre de certaines initiatives.
Des volontés politiques hésitantes
Car malgré leur volonté de développer une filière de farine de manioc, plusieurs États ont, dans l’urgence, subventionné le blé pour éviter un emballement des prix du pain, « ce qui a pu “brouiller” les efforts accomplis par les pays concernés » commentent les auteurs de l’étude.
En mai 2022, la Côte d’Ivoire a ainsi accordé aux meuniers une subvention de plus de 6 milliards de francs CFA – soit plus de 10 millions de dollars – pour l’achat de farine de blé. Quelques mois avant, le Gabon avait réagi en débloquant aussi des aides suite aux premières hausses du blé.
Une farine de manioc pas assez compétitive
D’autres États ont également supprimé les droits de douane sur les importations de blé. Ce qui n’a pas aidé la farine de manioc à être compétitive.
Même si cette farine reste chère, la balance commerciale des pays africains aurait tout à gagner à l’utiliser comme substitut. Au Nigeria, le remplacement de 15 % de blé importé par une quantité équivalente de farine de manioc aurait évité au pays 408 millions de dollars d’importation en 2021, selon les calculs de Global Sovereign Advisory.
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