Bauxite : l'Indonésie décide de raffiner localement
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Après avoir misé sur la transformation du nickel, l'Indonésie reproduit sa stratégie avec la bauxite, ingrédient de base pour fabriquer de l'aluminium. Cinquième producteur mondial, le pays interdit à compter de ce 1er juin l'exportation de bauxite non raffinée.

L'interdiction d'exporter de la bauxite brute a été annoncée en décembre dernier. Le président Widodo avait alors expliqué vouloir « le bien-être de la population » et le « développement du pays ». En 2020, la même stratégie appliquée au nickel avait entraîné l'essor de la filière industrielle et convaincu les autorités de transformer localement d'autres matières premières. L'embargo sur l'exportation de la bauxite est donc une suite logique de la stratégie de Jakarta.
La Chine accompagnera-t-elle le raffinage local ?
Situé au 5ᵉ rang mondial des producteurs, l'Indonésie produit un peu plus de 20 millions de tonnes chaque année. Elle aurait déjà les infrastructures pour raffiner une partie de cette bauxite et produire 4 millions de tonnes d'alumine. Mais outre l'augmentation des volumes d’alumine, le pays va-t-il chercher à aller plus loin et à produire de l'aluminium ? Ou fera-t-il le choix d'une valeur ajoutée moindre, avec l'alumine, mais qui garantit des prix plus stables que ceux de l'aluminium ?
Le niveau des investissements chinois que réussira à attirer le pays apportera sans doute une partie de la réponse. La Chine est en effet confrontée sur son territoire et en particulier dans la région du Yunnan à des sècheresses qui affectent le potentiel hydro-électrique, et mettent à mal sa production d'aluminium.
Peu d'impact attendu sur les prix de la bauxite
Mais si l'Empire du Milieu entre dans une nouvelle logique partenariale avec l'Indonésie, quid des projets de transformation de la bauxite brute sur le sol guinéen ? C'est une des questions que pose aujourd'hui la décision de Jakarta. La Guinée est devenue au fil des ans le premier fournisseur de bauxite non raffinée de la Chine.
Quel que soit le chemin pris par l'Indonésie, les prix de la bauxite ne devraient pas s'en ressentir. « Le minerai n'est pas coté en Bourse et s'échange dans le cadre de strictes relations commerciales », précise Yves Jegourel professeur au Conservatoire national des arts et métiers et titulaire de la chaire « Économie des matières premières et transitions durables », avec un prix relativement stable qui tourne autour de 50 dollars la tonne - prix importation en Chine.
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