Mexique: les narcos font grimper les prix du citron vert

Au Mexique, deuxième producteur mondial de citrons, le crime organisé et les cartels de drogue font grimper les prix du citron vert.

Le citron vert devrait rester très cher dans le pays au moins jusqu'à février ou mars 2024, car il n'a pas plu assez dans la région du Michoacan au Mexique, ces derniers mois, ce qui va peser sur la récolte de cet hiver. © Luke Besley

Le citron vert est incontournable au Mexique, dans les jus de fruits, les cocktails, mais surtout sur les tacos et pour assaisonner de nombreux plats. Sauf que depuis le mois de juillet, son prix a été multiplié par deux sur plusieurs marchés de gros (parmi les plus importants du pays). Et à Mexico, il se vendait ces derniers jours à plus de 50 ou 60 pesos le kilo au détail dans la capitale, Mexico, soit environ 3 dollars.

Alors pourquoi le citron est-il si cher ? L'une des raisons est à chercher dans le Michoacan, dans l'ouest. Un quart de la production (mexicaine) de citrons vient de cet État dominé par le principal cartel de drogue mexicain, le cartel de Jalisco nouvelle génération et par deux autres cartels... Des groupes qui depuis bien longtemps ne s'intéressent pas seulement à la drogue, loin de là.

Leurs hommes rackettent les agriculteurs, les chauffeurs et les commerçants à toutes les étapes de la production et de la distribution des citrons. Ils imposent même des quotas de production et décident du moment où les agriculteurs doivent effectuer leur récolte. Or, entre juillet et août, la taxe mafieuse qu'ils prélèvent auprès des producteurs a doublé. Elle est passée à 2 pesos par kilo. Cela représente seulement 11 centimes de dollars, mais cela fait mécaniquement monter les prix. Certains producteurs ont même abandonné leur parcelle, car ils refusent ce racket.

L'an dernier, les prix de l'avocat, autre fruit phare de l'État du Michoacan, avaient, eux aussi, été affectés par l'emprise et le racket du crime organisé. Et le citron devrait rester très cher dans le pays au moins jusqu'à février ou mars prochain, car il n'a pas plu assez dans la région ces derniers mois, ce qui va peser sur la récolte de cet hiver. Et pas seulement sur le porte-monnaie des Mexicains, mais aussi (dans une moindre mesure) sur celui des Américains, Car 30% des citrons mexicains sont exportés vers l'étranger, surtout vers les États-Unis.