Chronique des matières premières

Minerais critiques: le commerce continue entre l’Union européenne et la Russie

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Selon une enquête du collectif de journalistes « Investigate Europe » parue mardi 24 octobre, les pays de l'Union européenne continuent d’acheter des métaux et minerais dits « critiques » aux entreprises russes. Ce commerce florissant contribue à renflouer le budget de l'État.

47 % des ventes de Nornickel s'opèrent vers l'Europe.
47 % des ventes de Nornickel s'opèrent vers l'Europe. © Kirill Kudryavtsev / AFP
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De notre correspondante à Moscou,

Quelques chiffres glanés dans la presse russe ce mois-ci sur une entreprise appelée Nornickel disent beaucoup des échanges qui continuent entre les Vingt-Sept et la Russie sur ces matières premières critiques.

Sur le papier, Nornickel avait largement de quoi être sanctionnée par Bruxelles. Son principal actionnaire est Vladimir Potanine, un oligarque, un ancien vice-Premier ministre sous sanctions américaines et britanniques. Mais l'entreprise est un fournisseur majeur de nickel et de palladium, ces deux métaux indispensables à la fabrication de batteries de véhicules électriques et de semi-conducteurs.

47 % des ventes de Nornickel destinées à l'Union européenne

Ce géant est donc aujourd'hui en pleine forme. Il y a dix jours le journal Kommersant publiait ainsi les résultats de l'entreprise, en 2022 elle a augmenté ses exportations vers les Vingt-Sept de 4,3 %, l'Union européenne reste son marché majeur, soit 47 % des ventes de l'entreprise.

Dans ce secteur, d'autres géants russes tirent leur épingle du jeu, celui de l'aluminium avec, par exemple, Rusal, et son immense usine en Irlande, ou encore sa fonderie en Suède. Son principal actionnaire est Oleg Deripaska, oligarque sanctionné par les Occidentaux, Union européenne comprise.

Les matières premières critiques, des ressources de facto exemptées des sanctions ?

Sur ces fameux métaux, l'Union européenne commence à être isolée. Le Royaume-Uni a par exemple récemment interdit le cuivre, l'aluminium et le nickel russes alors qu'entre mars 2022 et juillet 2023, l'UE a importé, toujours selon « Investigate Europe » pour 13,7 milliards de ce type de matières premières.

Pourquoi ? La question a été posée en septembre à David O'Sullivan, l'envoyé spécial de l'UE pour les sanctions. Sa réponse est lapidaire : « Pourquoi les matières premières critiques ne sont-elles pas interdites ? Parce qu'elles sont critiques. Soyons honnêtes. »

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