La demande mondiale de durians a augmenté de 400% sur un an, selon une étude HSBC. Ce boom s’explique par l’engouement de la Chine pour ce fruit très odorant du Sud-Est asiatique, que certains songent même à cultiver localement.

De notre correspondant à Pékin,
Avec près de 5,7 milliards d’euros de durians importés ces deux dernières années, la Chine représente 91% de la demande mondiale. Un appétit, voire une boulimie, pour ce fruit âcre et pour le moins odorant, qui s’explique par la mode, notamment auprès des jeunes urbains. Fini les fleurs, le vin, les raisins ou les champignons séchés, pour un premier rendez-vous chez sa dulcinée, venir avec un durian est, paraît-il, du meilleur effet sur les futurs beaux-parents. On trouve désormais le durian en glace, en gâteaux et même dans le café. Un engouement qui a donné à des cultivateurs du Hainan, l’île province au sud-est de la Chine, l’idée de le faire pousser localement.
Cela va-t-il contribuer à faire baisser le prix du « roi des fruits » ? « Pas du tout », nous répond Monsieur Shan, un des grands importateurs chinois de durian, que nous avons joint dans sa province orientale du Zhejiang. « Premièrement, c’est un défi qui a moins de deux ans. Même si les cultivateurs chinois utilisent des technologies et des équipements avancés, leurs volumes de production restent faibles comparé à la Thaïlande, au Vietnam, à la Malaisie ou encore aux Philippines. De plus, vu que les arbres sont encore jeunes, ils produisent des fruits moins savoureux que ceux qui ont des feuilles et des branches plus épaisses. »
Le durian plus que jamais recherché par le marché chinois
En attendant que d’autres arbres à durian soient plantés, la production du Hainan approche les 50 tonnes seulement. La passion durian s’est emballée au printemps dernier et surtout cet été avec l’arrivée des fruits venus de Thaïlande qui représente la majorité des importations chinoises. La chair crémeuse de cette sorte de melon à coque épaisse et à pointes qui ne ressemble à aucun autre est appréciée pour sa texture fondante et son goût puissant avec des notes d’abricot ou d’amande, quand d’autres parlent d’odeur de vieille chaussette ou de vomi. Ce qui ne dérange pas, bien au contraire, les fans chinois de durian. « D’ici au Nouvel An chinois, on aura surtout l’arrivée des durians du Vietnam, affirme Monsieur Shan. On a aussi désormais une augmentation des produits venus de Malaisie qui bénéficient des franchises tarifaires. Même s’il est difficile de savoir si les importations de fruits malaisiens vont continuer. Cela dépendra des douanes et des politiques nationales. »
Des importations qui dépendent aussi des aléas diplomatiques. Avec les tensions sino-philippines en mer de Chine par exemple, les importations de durians philippins devront peut-être attendre un peu avant de rejoindre les étalages des grandes surfaces en Chine. Monsieur Shan dit avoir établi des contacts notamment avec des producteurs d’un durian à chair rouge aux Philippines, suite notamment à la foire des importations de Shanghai. « La qualité n’était pas au rendez-vous » estime-t-il avec, en bout de chaine, des fruits trop mûrs. D’où l’importance de l’amélioration des transports et notamment les réseaux ferrés rapides qui ont aussi permis ce boom du durian en Chine.
Plus généralement, l’accord de libre-échange du partenariat économique régional global entre les pays de l’Asean, la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Australie et la Nouvelle-Zélande offre aux producteurs de durians un meilleur accès au marché chinois.
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