Chronique des matières premières

Russie-Chine, bientôt un nouvel axe du commerce de viande?

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D'importatrice nette, la Russie est devenue exportatrice de viande ces dernières années. L'élevage est en plein essor dans le pays et intéresse de plus en plus le grand voisin chinois.

En 2024, la Russie est devenue le premier exportateur mondial de blé et a développé l'élevage intensif de porc et de volaille. Résultat ses achats de viande ont baissé de 80 %. (Image d'illustration)
En 2024, la Russie est devenue le premier exportateur mondial de blé et a développé l'élevage intensif de porc et de volaille. Résultat ses achats de viande ont baissé de 80 %. (Image d'illustration) Getty Images - Francisco Goncalves
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Devenue en quelques années une puissance céréalière, la Russie est en train de se faire, progressivement mais sûrement, une place sur le marché de la viande. Pendant des décennies, le pays a été importateur net mais produit désormais près de 11 millions de tonnes de viande et en exporte 700 000 tonnes environ.

Une dynamique qui a dix ans

Le coup d'accélérateur de cette stratégie a été l'invasion de la Crimée. L'embargo occidental imposé à Moscou a poussé le Kremlin à limiter ses importations agricoles, viande comprise, venant des pays occidentaux, et donc à produire plus sur le territoire national.

Dix ans plus tard, la Russie est devenue le premier exportateur mondial de blé et a développé l'élevage intensif de porc et de volaille. Résultat, ses achats de viande ont baissé de 80 %, pour tomber à 40 000 tonnes, selon le dernier rapport Cyclope sur les marchés mondiaux, essentiellement en provenance du Brésil, membre comme la Russie du groupe des BRICS+.

Deux pays aux intérêts complémentaires

La Russie ne se hisse pas encore dans le top 10 des exportateurs de viande, mais cela ne l'empêche pas de chercher à renforcer sa position. Dans le contexte actuel, le pays a besoin de devises et donc de renforcer les liens avec ses pays amis, au premier rang desquels la Chine, pays voisin et surtout pays importateur majeur et à long terme de viande. 

D'où les deux accords commerciaux signés en décembre 2023 et ce mois de mai, entre les autorités russes et les douanes chinoises, pour favoriser les importations de porc et de bœuf russe.

« La production de bœuf en Russie n'est pas énorme pour l'instant, mais elle pourrait le devenir s'il y a un appel d'air chinois », précise Jean-Paul Simier, expert de la filière viande. Une illustration de la recomposition en cours des marchés, guidée par les bouleversements  géopolitiques. 

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