Chronique des matières premières

Le bras de fer sur le graphite entre la Chine et les États-Unis se poursuit

Publié le :

À compter de ce mois de juin, les États-Unis relèvent les droits de douane sur les anodes en graphite venant de Chine de 25%, des composants indispensables à toutes les batteries électriques lithium-Ion. Cette nouvelle décision illustre, une fois de plus, la volonté des États-Unis de s'affranchir de la domination de la Chine dans le secteur, pays qui contrôle la quasi-totalité de la chaine de production du graphite

97% des anodes  sont produites en Chine. Et en l'absence d'alternatives à l'approvisionnement chinois, les équipementiers expliquent qu'ils perdent en compétitivité face à leur concurrents asiatiques. (Image d'illustration)
97% des anodes  sont produites en Chine. Et en l'absence d'alternatives à l'approvisionnement chinois, les équipementiers expliquent qu'ils perdent en compétitivité face à leur concurrents asiatiques. (Image d'illustration) Getty Images - Lester V. Bergman
Publicité

Quand on sait qu'il faut entre 50 et 100  kg de graphite dans une voiture électrique on comprend mieux la volonté des États-Unis d'accélérer la recherche d'alternatives au graphite chinois. Mais on comprend aussi l'inquiétude des équipementiers automobiles américains qui, à ce stade, ne peuvent pas faire sans la Chine et qui sont donc pénalisés par l'instauration de nouvelles taxes à l'importation.

Une inquiétude qu'ils ont manifesté en mai, quand ils ont appris que des droits de 25% sur le graphite naturel transformé en Chine seraient imposés à compter de 2026. Inquiétude qui devrait être ravivée avec le retour de droits sur l'importation cette fois-ci d'anodes en graphite, à compter de ce mois de juin, droits qui avaient été levés il y a quelques années.

Ultra-dépendance à la Chine

97% des anodes  sont produites en Chine. Et en l'absence d'alternatives à l'approvisionnement chinois, les équipementiers expliquent qu'ils perdent en compétitivité face à leur concurrents asiatiques. Or à très court terme, le sursaut industriel attendu s'annonce difficile.

Les États-Unis en sont conscients puisqu'ils ont prolongé de deux ans l'octroi de subventions fédérales accordées aux véhicules équipés de batteries contenant du graphite chinois, au titre de l'Inflation Reduction Act. Autrement dit, les constructeurs ont jusqu'en 2027 pour trouver d'autres fournisseurs s'ils veulent être soutenus financièrement.

Pour ce qui est du graphite naturel, la Chine concentre les deux tiers de la production selon l'Institut géologique américain (USGS), mais les sites alternatifs ne manquent pas puisqu'on en trouve en particulier au Brésil, au Mozambique et à Madagascar. Ces deux pays du continent africain ont contribué chacun en 2023 à hauteur de 6% de la production mondiale, selon l'USGS, mais pourraient faire beaucoup mieux à l'avenir. 

La demande américaine devrait tripler en 2034

Les pays producteurs africains sont déjà courtisés par les acheteurs car dans la guerre commerciale sino-américaine, la Chine a elle aussi haussé le ton en instaurant depuis décembre un permis sur l'exportation de plusieurs types de graphites -notamment le graphite synthétique de haute pureté, de haute dureté et de haute intensité, ainsi que le graphite naturel en paillettes et ses produits.

Ces tensions ne sont certainement pas les dernières au vu des besoins de l'industrie automobile. Rien qu'aux États-Unis, la demande en graphite devrait plus que tripler d'ici dix ans, selon FastMarkets.

NewsletterRecevez toute l'actualité internationale directement dans votre boite mail

Suivez toute l'actualité internationale en téléchargeant l'application RFI

Voir les autres épisodes