Les grumes américaines, victimes inattendues de la guerre commerciale
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Les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis ont un impact sur le commerce du bois, et précisément sur l'exportation de grumes américaines en Chine. Ce bois brut, destiné à être transformé, est soumis depuis le mois de mars à une mesure non tarifaire de la part de Pékin.

Le bois américain est soumis à une barrière sanitaire due, selon la douane chinoise, à la présence de petits ravageurs dans le bois américain – scolytes et longicornes – arrivé en Chine. Le bois a donc été immobilisé dans les ports, et les importations de nouveaux lots venant des États-Unis suspendues, officiellement, pour des raisons de « biosécurité ».
Il est cependant difficile de ne pas interpréter cette mesure sanitaire comme une forme de rétorsion commerciale : elle a en effet été prise juste après l'annonce de l'instauration de droits de douanes par Donald Trump.
Vers la reprise des échanges ?
Maintenant qu'une partie des tarifs douaniers ont été mis en pause pour 90 jours, la Chine a accepté de suspendre, voire de supprimer, les mesures non tarifaires prises depuis le 2 avril en rétorsion contre les États-Unis. En théorie, donc, l'interdiction sanitaire pourrait être concernée, si ce n'est que la mesure est antérieure puisqu'elle date de début mars.
Le commerce de bois brut des États-Unis vers la Chine pourrait-il cependant reprendre et si oui, dans quel délai ? « L'incertitude est notre nouvelle certitude dans ces temps heurtés. On sait seulement que les Américains ont besoin de vendre leurs essences de feuillus en Chine », résume Emmanuel Groutel, spécialiste des flux internationaux de bois et co-auteur du rapport CyclOpe sur les matières premières.
Parmi les bois américains exportés en Chine figurent en particulier le chêne rouge, le chêne blanc et le noyer ainsi que des résineux.
Coup dur pour l'est des États-Unis
Les exportateurs de grumes sont les victimes inattendues de la guerre commerciale, comme l'écrit WoodCentral, plateforme digitale dédiée au secteur du bois : avant le mois de mars, environ 40 % du bois américain était exporté en Chine.
C'est un coup dur, particulièrement pour l'est des États-Unis, notamment la région montagneuse des Appalaches, explique Emmanuel Groutel. Et ce, même si la production totale de bois de feuillus dans la région pourrait avoir été en 2024 la plus faible depuis 65 ans, selon l'édition 2025 du rapport CyclOpe.
Aujourd'hui, l'industrie américaine de l'ameublement peut difficilement absorber beaucoup plus de volumes, elle s'est délocalisée au fil des ans en Asie. En revanche, le Vietnam s'impose comme un acheteur de plus en plus important de bois américain. Une opportunité peut-être pour les États-Unis d'écouler, en 2025, une partie de ce qui aurait été exporté en Chine.
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