La grève au Panama met en tension tout le secteur de la banane
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Cela fait plus d'un mois qu'une grève contre la réforme des retraites paralyse la filière banane du Panama. Ce qui se passe dans ce petit État d'Amérique centrale a un impact au-delà des frontières, même si le pays est un « petit » fournisseur, au niveau mondial.

Le Panama, c'est 4% des importations européennes seulement et moins de 1% des importations américaines. Mais l'effet reste important, car on parle de plusieurs dizaines de milliers de tonnes de bananes.
Ce que les importateurs ne trouvent plus au Panama, ils vont le chercher ailleurs, en Équateur. Résultat, le prix de la banane au départ de Guyaquil a atteint des sommets rédhibitoires. À l'arrivée en Europe, c'est la même chose, les prix sont au zénith : un importateur allemand ou français paye en ce moment 16 à 18 euros pour un carton de bananes de 18 kg, c'est deux à quatre euros de plus que les prix pratiqués dans les derniers contrats annuels d'approvisionnement signés.
Ce surcoût ne devrait pas se répercuter en magasin, car l'essentiel des volumes commercialisés a fait l'objet de contrats à un prix fixe. Les prix du marché qui sont concernés par l'augmentation récente ne s'appliquent que pour les achats « spot » c'est-à-dire pour les commandes ponctuelles, et donc plus petites en volumes a priori.
L'Équateur, seul pays de secours
En schématisant, c'est grâce à l'Équateur que la moindre supérette est approvisionnée en banane en Europe. La production de banane est globalement dimensionnée à la demande des consommateurs : la récolte du Costa Rica, de la Colombie, du Cameroun ou de la Côte d'Ivoire est déjà vendue, par contrat (à un prix fixé à la signature). Il ne reste à ces pays quasiment rien à commercialiser. Seul l'Équateur à un peu de marge, c'est l'organisation même de la filière locale qui veut ça. Mais la limite aujourd'hui est le prix proposé par l'Équateur et le manque de bateau pour acheminer la banane équatorienne.
« Ce qui arrive au Panama met en tension tout le secteur » explique Denis Loeillet, économiste de la filière banane au Cirad, qui rappelle que le secteur est déjà affecté par le changement climatique et par des perturbations logistiques multiples depuis 2020. La demande en banane n'a en revanche pas baissé, au contraire, elle est même plus forte en Europe. Aujourd'hui, pour résumer, « le problème n'est pas de trouver des mangeurs de banane, c'est de trouver des fruits à vendre », explique un importateur.
Le Panama encore exportateur de bananes demain ?
Les entreprises du secteur annoncent avoir perdu des dizaines de millions de dollars. Du côté des plantations, notamment celles qui étaient exploitées par le géant Chiquita, l'avenir est plus que sombre : les bananiers ont besoin d'entretien et sans personnel, puisque tous les employés ont été licenciés, cela devient compliqué.
La question aujourd'hui est de savoir si le Panama va perdre sa place d'exportateur, de manière temporaire ou sur le plus long terme. Tout dépendra des investissements qui seront consentis pour redresser le secteur.
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