Le soja brésilien bientôt boudé par les acheteurs européens?
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En Europe, la grande distribution et l’industrie multiplient les initiatives pour écarter de leur approvisionnement le soja brésilien issu de la déforestation. Dernière en date : l’ultimatum aux géants du négoce pour qu’ils cessent de leur vendre du soja cultivé sur des terres défrichées du Cerrado, le château d’eau du Brésil.

Le Cerrado est devenu la nouvelle frontière du soja brésilien depuis qu’un moratoire a stoppé provisoirement la déforestation de l’Amazonie. Région de savane où naissent la plupart des cours d’eau du Brésil, le Cerrado a vu la moitié de sa végétation naturelle brûlée en dix ans. Il fournit aujourd’hui 60% du soja du Brésil mais les défrichements continuent. C’est donc le nouveau terrain de mobilisation des écologistes et des scientifiques.
De Cargill à Louis Dreyfus, les négociants sur la sellette
En 2017, 60 entreprises décidaient de rejoindre leur « manifeste pour le Cerrado ». Désormais elles sont 160. De McDonald’s à Unilever en passant par Nestlé, Kellogg’s, Barry Callebaut ou L’Oréal, mais aussi Auchan, Carrefour, Lidl, Cooperl, Sodexo… Ces marques se sont adressées par courrier à leurs fournisseurs, les négociants ADM, Bunge, Cargill, Louis Dreyfus, Cofco et Glencore-Viterra, pour qu’ils cessent de s’approvisionner dès l’an prochain en soja cultivé sur de nouvelles terres défrichées du Cerrado. Sinon ils stopperont leurs achats.
Un éleveur de saumon norvégien renonce au soja brésilien
Certains acheteurs européens ont déjà franchi le pas : Nestlé a arrêté de se fournir en soja brésilien auprès de Cargill, le géant norvégien du saumon Grieg Seafood, lui, a exclu le fournisseur américain de ses nouveaux investissements aquacoles financés par ses obligations vertes. Enfin, la semaine dernière, Bremnes Seashore, autre acteur norvégien de poids dans l’élevage du saumon, annonçait qu’il ne donnerait plus du tout de soja du Brésil à ses poissons, mais plutôt des céréales européennes.
Exportations massives en Chine
La pression s’accroit sur les intermédiaires mais pour l’instant cela n’empêche pas le Brésil d’exporter des quantités record de soja (plus de 82 millions de tonnes en 2020), grâce à la demande chinoise.
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Insatiable ces derniers mois, elle a vidé les stocks brésiliens, au point que le Brésil, pourtant premier producteur au monde avec 127 millions de tonnes en 2020, a dû importer un million de tonnes cette année, un record, pour sa propre consommation.
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