L’Argentine veut nationaliser le géant du soja Vicentin
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L’annonce fait polémique en Argentine. Le gouvernement veut nationaliser le géant du soja et du biodiesel Vicentin, au bord de la faillite.

L’entreprise est emblématique de l’Argentine et, comme elle… en cessation de paiement. Vicentin, le géant du soja, fondé en 1929, est en passe d’être nationalisé. Le président Alberto Fernandez l’a annoncé lui-même en début de semaine à la télévision. « Je veux rassurer tous les salariés de la compagnie qui vont garder leur emploi, mais aussi les 2 600 agriculteurs qui pourront compter sur elle pour acheter, transformer et exporter leurs graines (de soja). »
Vicente, pionnier des exportations de biodiesel argentin…
L’Argentine est le troisième exportateur de graines de soja mais surtout le premier exportateur d’huile de soja pour la cuisine et de tourteaux de soja pour les élevages du monde entier. Elle est aussi l’un des principaux fournisseurs de biodiesel, dont Vicentin inaugura d’ailleurs les exportations en 2007. Une industrie qui a rapporté 12 milliards de dollars l’an dernier, mais qui est en crise.
… une industrie paralysée par le coronavirus
La pandémie de coronavirus a mis un coup d’arrêt brutal aux exportations de biodiesel vers l’Europe alors que les Etats-Unis lui avaient déjà condamné leur marché depuis 2017, avec des taxes antidumping. La transformation en huile et en tourteaux a souffert d’une mauvaise récolte de soja (-10% à moins de 50 millions de tonnes) à cause de la sécheresse prolongée en janvier. Une sécheresse qui a également fait chuter le niveau du fleuve Parana, ce qui a rendu l’acheminement des produits difficiles sur cet axe majeur des échanges en Argentine.
Le tourteau de soja argentin perd des parts de marchés en Europe
Les taxes à l’export, déjà de 30%, ont été alourdies à 33% depuis l’arrivée du président Fernandez. L’Argentine continue de perdre des parts de marché en Europe, la première région d’importation de tourteaux de soja au monde. L’Europe, pourtant, reprend peu à peu ses achats en se déconfinant, mais au profit du concurrent brésilien.
12 milliards de dollars d’exportations encore l’an dernier
En mettant la main sur le géant du soja Vicentin, sans en avoir d’ailleurs prévenu au préalable son partenaire suisse Glencore, au sein de Renova, le numéro un du biodiesel argentin, le gouvernement d’Alberto Fernandez a scandalisé l’opposition et les milieux d’affaires, qui évoquent un scénario à la vénézuélienne.
Les autorités de Buenos Aires espèrent de leur côté préserver un apport précieux en devises étrangères, alors que le pays voit fuir les investisseurs et qu’il a dû suspendre au début du mois d’avril, en plein confinement, le paiement de ses quelque 10 milliards de dollars de dettes.
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